Les jours s'en vont, d'un pas rapide mais certain.
Ton amour faiblit. Je le ranime, mais en vain.
On s'aime toujours sur le même divan de satin
sur lequel tu avais jadis des orgasmes sans fin
mais qui, à présent, te fait terriblement mal aux reins.
Je cherche à t'aimer mais tu opposes tes deux mains:
une croix pour ton corps et pour moi un double frein.
Tu dis que l'amour est un jeu de vilains.
On le faisait, pourtant, et on n'était pas des saints!
Tu sais que pour toi je me coucherai sous un train,
que, au dam d'Archimède, je marcherai sur l'eau avec des patins,
que je jonglerai sur une corde après avoir bu des littres de vin,
que s'il le faut, je jettrai le Christ avec l'eau du bain,
et que je vivrai de ton amour sans toucher à l'eau ni au pain.
Mais il paraît que notre amour est trop incertain,
que nos pertes dépassent nettement nos gains,
que notre amour est souffrant et que son décès est prochain.
Alors, de grâce, remets ton corsage et cache-moi ce sein
que je ne saurai toucher d'un doigt charnel ni voir d'un oeil divin!
A Tetouan, 1998.