25 avril 2013
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Il vient de nous quitter. Je ne l'avais pas vu depuis des années. J'ai appris ses déboires et ses tribulations trop tard: le jour de son enterrement. Je me suis mis à visionner une vidéo sur Internet dans laquelle l'homme est délabré, résigné, l'ombre de lui- même, racontant ses infortunes familiales d'une manière entrecoupée, rythmée par des sanglots...à vous déchirer le coeur. J'ai longtemps pensé à lui ce lundi du 22 avril, le jour de son enterrement. J'ai décidé d'aller à ses funérailles, moi qui n'aime pas les cérémonies, celles lugubres encore moins. J'ai fini par rater ses funérailles. Je suis rentré chez moi le coeur gros, ayant envie de me saouler la gueule et de rester dans le noir des heures, voire des jours pour cuver mon vin, tellement la nouvelle de la mort de cet homme s'est abattue sur moi comme un vautour et tellement l'impression que j'ai eu juste après avoir visionné la vidéo pathétique sur laquelle l'homme apparaissait, me donnait une envie folle de dire merde à la vie, cette vie absurde, cinglée, injuste et insignifiante.
En effet, l'homme fut une sommité, une référence, une autorité dans son domaine: l'éducation. Il se faisait respecter, admirer, craindre. Il fut honnête, sérieux, intègre, dynamique, affable, serviable... un homme dont les semblables sont infiniment rares de nos jours...un homme qui a voué sa vie à l'éducation des citoyens. Normal donc que sa mort soit une perte monumentale.
C'est lui qui m'a poussé à choisir les sciences mathématiques comme filière et à me présenter aux olympiades des maths, c'est lui qui m'encourageait, me prêtait l'oreille, m'épaulait, me soutenait quand j'avais besoin de lui...et il n'a cessé de me suivre de loin et de chercher de mes nouvelles. Il était fier de moi quand il me présentait à ses amis tel un savant qui est fier de son invention devant ses collègues. Il était un homme exceptionnel.
Ce que je regrette c'est de ne pas être resté en contact avec lui, c'est de ne pas avoir partagé ses souffrances familiales, c'est de ne pas lui avoir prêté l'oreille, c'est de ne pas...et de ne pas... et la boîte de Pandore une fois ouverte ne se renferme jamais.
Ce que j'écris ce soir est juste une tentative, vaine certes, de lui exprimer ma gratitude, à titre posthume, je sais. Sans toi, Monsieur Sarhani, je ne serais pas là. Tu as été un professeur, un guide, un père, un maître. Ta mort ne changera rien à la donne: tu resteras toujours dans nos mémoires et dans nos coeurs, telle une épopée, une épisode de l'Histoire nationale, ou telles des racines identitaires qui remontent aux origines du Temps et qui font de nous ce que nous sommes. En dépit de ta disparition, tu resteras bien grand, bien droit et bien imposant...comme une statue londonnienne!
Ton ex- élève.