29 mai 2013
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Pareil à un pianiste qui n'a pas touché un clavier depuis des lustres, à un homme qui ne se souvient plus du corps de la Femme, à un capitaine qui n'a pas navigué depuis des décennies, à un pasteur qui n'a pas prêché la bonne parole depuis belle lurette, je suis là, l'air penaud et les bras ballants, devant cet ordinateur qui me nargue par son silence et par sa lumière douce mais perfide. Le piansite ne peut plus jouer au créateur de belles notes, et à chaque touche, le piano hurle de douleur, l'homme a du mal à faire vibrer ce corps féminin, malgré ses caresses brutales, désordonnées, mal placées, et non avenues, le capitaine ne peut plus trouver le cap, juste grâce à son pif, et le prêcheur...ayant trop péché tout en arrêtant de prêcher, ne peut plus persuader aucun des fidèles, même pas l'idiot du village!...Ma situation est pareille: je n'ai pas manié le Verbe depuis longtemps, trop longtemps pour pouvoir écrire un semblant de loques poétiques, de haillons littéraires, de lambeaux romanesques...Je suis comme ce mousquetaire qui n'a pas manié l'épée depuis des années et qui, comble de l'ironie, débarque en trombe pour défendre, en duel, l'honneur d'une jeune villageoise dont la réputation, ou pour ainsi dire la mauvaise réputation, est une affaire qui pue à des cantons à la ronde et qui meuble les beuveries des tavernes de la région! Voilà: je suis devenu le Don Quichotte de mes lecteurs...Entends- tu, ô mon ordi, entends- tu ,ô mon Pancho?