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22 septembre 2009 2 22 /09 /septembre /2009 07:11

Sous les obus des canons ennemis,
le caporal écrit à sa fille bien- aimée.
Il sent que l'on perd cette mêlée,
que sa vie est bientôt finie,
et qu'il ne mourra pas dans son lit.

Alors, il décide de faire face
au char qui va le broyer.
Il n'a plus peur qu'il trépasse
et marmonne le prénom de sa fille choyée.
Il se rend compte que ce prénom est...très joli.

Le caporal vise le premier soldat qui le menace
et tire sa cartouche unique,
dans un orgasme patriotique,
en priant pour la République
qui a déclenchée cette pure...folie.

A Tetouan, 1998.

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22 septembre 2009 2 22 /09 /septembre /2009 06:48

De grâce, ne profane pas la dépouille du passé,
que j'ai enterrée chrétiennement là où tu l'as laissée,
dans un sahara caniculaire, entre deux dunes entassées.

J'ai planté une croix sur notre amour et pour sa paix j'ai tracé
un poème que j'ai récité, en choeur, avec des nomades qui passaient.
Eux, ils m'ont recueilli quand de moi tu en avais assez:
ces gens m'ont trouvé couvert de sable, délirant et assoiffé!

De grâce, ne ranime pas ce feu vieux et désormais glacé.
Un feu que tu avais éteint toi- même le jour où tu m'as chassé,
fille maudite que tu es, par mon amour et par les dieux courroucés
depuis que tu as emprorté, dans ta fuite, mon coeur que tu as placé
dans l'orphelinat de tes souvenirs et de tes affaires classées.

J'ai retrouvé mon coeur mais il ne veut plus ressasser
cette histoire d'amour risquée car il risque de trépasser.
Seras-tu là pour le ranimer, le caresser et le masser?

A Ouarzazate, 1997.

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22 septembre 2009 2 22 /09 /septembre /2009 06:11

Loin de toi, je peux enfin faire le poids:
te confesser mon amour pour toi, très bizarre, ma foi,
tel un chène qui s'est épris, il était une fois,
d'une forteresse pourtant inexpugnable aux soldats et même aux rois.

Loin de toi, je peux enfin faire mon choix
et renoncer à toi tel un prêtre renonçant à sa croix.
Je peux te crier que ta beauté ne fait plus la loi,
qu'elle m'a fait tant de peines; qu'elle n'a jamais fait ma joie,
et que le jour où je t'ai connue, je m'étais hasardé sur une voie
qui ne mène à nulle part, sinon à mon malheur avec toi.

Mais loin de toi, je me cloître, las, dans les bois.
Je me fais ermite et je sculpte sur un mur ma charte et mes lois.
Et si tes bergers me raillent ou me montrent du doigt
c'est que je me prenais pour ton chasseur alors que je n'étais que ta proie.

A Ouarzazate, 1998.

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22 septembre 2009 2 22 /09 /septembre /2009 04:29

        Il distribuait les conférences  comme l'on jette les miettes de pain aux oiseaux...Ils enchaînait les conférences comme l'on enchaîne des petits- pains ou des bierres. Il était l'invité de marque de toutes les chaînes de télévision. Il se plaisait à parler de ses romans, de son inspiration féconde, de sa plume presque magique qui ne tarissait jamais, de ses complexes d'enfance, de son amour pour les lettres qu'il avait découvert dès l'âge de trois ans, de son père ivrogne et volage qui le battait, et de sa mère, portrait craché d'un ange qui assumait...et qui élevait son fils chéri comme il se devait malgré les coups de tête du père...Bref, le décor classique, le prototype classique, l'histoire classique d'un romancier.
    Lors de "ses" émissions télévisées--d'ailleurs, il disait: "mon" émission télévisée comme s'il en était le sponsor, ou l'animateur-- il s'interrompait soudain et demeurait quelques secondes attentif, peut- être à l'écoute de sons que, à part son oreille, l'oreille humaine ne pouvait capter ou à l'écoute d'une muse qui lui dictait ce qu'il devait dire ou peut-être même à un esprit, à un génie de l'air, à un elfe, à un lutin qui lui chuchotait à l'oreille des citations...car quelques secondes plus tard, le romancier esquissait un sourire comme s'il trouvait plaisante la citation de son lutin puis il prenait un air sérieux et semblait se réveiller d'un drôle d'hypnose. Quelques fois, en répondant aux questions des critiques ou des journalistes, le romancier s'interrompait, prenait le temps d'ouvrir son paquet de cigarettes, en sortait une et puis...enclenchait tout un rituel pour la prendre entre ses doigts, l'allumer...et ce, dans un silence religieux de  son auditoire qui retenait son souffle en le voyant"procéder" ainsi. On aurait dit qu'il désamorçait une bombe, à l'entrée d'une école. Ensuite, il lançait aux visage de l'assistance la première, puis la deuxième...bouffée de tabac, de manière méthodique, presque mathématique, à la manière d'un Cherlok Holmes ou d'un Lucky Luck, en prenant soin à ce que tout le monde, dans la salle, ait sa part de nicotine.
     Et les gens en raffollaient de plus en plus. Ils l'écoutaient religieusement en intimant l'ordre de se taire à celui qui voulait placer un mot, ou à celui qui murmurait quelque chose ou qui déplaçait sa chaise...voire à un ashmatique qui respirait plus bruyamment que les autres...Bref, si notre romancier avait pensé ouvrir une chapelle ou lancer une nouvelle religion il aurait trouvé assurément des adeptes...et quels adeptes!! Des journalistes, des critiques, des hommes et femmes de lettres, des étudiants en doctorat...et j'en passe. Il était l'idôle, la star, le dieu de plusieurs personnes qui, lorsque le romancier écrasait le mégot de sa cigarette dans le cendrier, pensaient toujours récupérer ce mégot--souvenir de leur romancier préféré-- et le rallumer plus tard, dans un café de quartier pour disserter sur un sujet littéraire devant une poignée de badauts. Ils pensaient que cette marque de cigarettes était pour quelque chose dans le foisonnement littéraire du romancier. Aussi l'achetaient-ils. Par ailleurs, ils aimaient avoir quelque chose de cet homme dans leurs bouches. Les hommes se contenteraient des bouts de cigarettes du romancier et les femmes fantasmaient sur autre chose qu'ils aimeraient avoir dans leurs bouches, quelque chose qui appartenait plus ...étroitement au romancier.
      Ainsi, il enchaînait best-seller sur un autre, des succès à répétition. Il mitraillait le public par ses romans...passionnants. Les gens l'attendaient partout, l'importunaient, l'adulaient, l'adoraient, le vénéraient, s'attroupaient autour de lui, demandaient des autographes, le priaient de se faire prendre en photos avec lui....Il a dû mettre des lunettes de soleil, une barbiche pour se déguiser et plus tard s'entourer de gardes de corps jusqu'au jour où...
     Ce jour- là, un journaliste débutant avait décidé de ne pas chanter la même chanson officielle que ses confrères chantaient en choeur et qui louait " la plume" du romancier--une chanson pareille à celle chantée par les gens primitifs en hommage à un dieu invisible, pour s'assurer d'avoir de bonnes récoltes ou pour exorciser sa colère--bref, ce journaliste entama une enquête, en solitaire et en secret et des mois plus tard, il découvrit le pot aux roses. Ainsi, il se présenta à une chaîne de télévision avec un dossier complet qui fit la disgrâce du romancier et l'expulsa du paradis.
      Ce journaliste avait prouvé que le romancier achetait ses écrits pour les revendre. Il rencontrait, dans des ruelles sombres, un homme d'un certain âge et vivant dans le besoin qui l'"approvisionnait" en...romans. En échange de quoi, le romancier payait. Equation simple s'il n' y avait pas quelque chose de répréhensible qui s'appelle le plagiat. Et voilà, les mêmes studios et émissions télévisées montraient leur interêt pour ce sombre personnage, auteur de romans qu'il vendait au pseudo-romancier.
     Les journalistes accoururent au domicile de cet auteur. Ils l'ont repéré, après des jours de planque et lui ont presque sauté dessus, à la manière des agents de la gestapo. L'homme rentrait, les bras chargé de nouritture, de couches pour bébés, de vêtements... Ils l'ont assailli de questions. Lui, il manifestait une gêne apparente. Il cherchait ses mots, bégayait, ne savait que dire, s'excusait.....Les journalistes l'ont aussitôt "libéré" pour aller chercher d'autres célébrités. Ils ont compris que cet homme était un auteur, un vrai, donc inutile de lui arracher des confessions: il ne ferait pas de métaphores filées!
                          A Tetouan, Septembre 2009.

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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 21:33

        Après des années de mariage, une idée subite lui est venue en tête: essayer l'échangisme. Des amis avertis, ouverts d'esprit et...avant-gardistes lui ont proposé un jour, devant un verre de bierre, de tenter l'expérience. Il se plaignait de la routine qui était venue s'installer dans leur couple, pareille à un hôte indésirable. Ses amis avaient tenté de lui prodiguer un tas de conseils: pimenter sa vie sexuelle grâce à un tas de procédés: changement de décor, de rituel, de vêtements, de préliminaires...mais lui, il revenait chaque fois s'asseoir au comptoir, sa cravate à moitié défaite et l'air insatisfait: les recettes de ses amis ne prenaient pas. Ses derniers, en se lançant des regards ...embarrassés lui ont donc conseillé l'échangisme comme l'on conseille une opération chirurgicale, en tant que dernier recours, à un patient. Une lueur traversa ses yeux: il pensait à cette "solution" depuis longtemps mais il attandait juste une..."bénédiction" de la part de gens...avertis et expérimentés
         Ainsi, sa première tâche était de convaincre sa femme de ...passer à l'acte. Elle feignit ne pas comprendre. Il lui expliqua donc, le plus simple possible, ce que c'est que l'échangisme: il la regarderait avec plaisir faire l'amour à quelq'un d'autre. Il en jouirait- même. En échange--c'est cela le principe de l'échangisme-- il ferait l'amour à une autre sous les yeux de sa femme. L'idéal était que les deux devraient passer à l'acte en même temps. En clair, il leur fallait trouver un couple. En faisant l'un et l'autre l'amour à quelqu'un d'autre sous les yeux de son partenaire, ils réaliseraient leurs fantasmes et puis ce serait plus démocratique--mieux que de  tromper l'autre dans son dos--, le faire donc sous ses yeux est plus que démocratique. Il est  souhaitable--car sa femme et lui goûteraient des plaisirs interdits, pimenteraient leur sexualité et briseraient cette monotonie qui les guettaient, comme le fait un animal carnassier avec sa proie.
         Sa femme s'est révoltée: elle ne pouvait pas s'imaginer dans les bras de quelqu'un d'autre que son mari et sous les yeux de ce dernier, de surcoît. Mais surtout, elle lui a répliqué que jamais, au grand jamais, elle ne supporterait voir son mari faire l'amour à une autre.
         Il a jugé donc  que le débat était logé dans un cercle vicieux  et a préféré remettre la chose à plus tard. 
        Une semaine plus tard, il a abordé le sujet avec sa femme, l'air de rien, alors qu'elle préparait le dîner et que lui, il l'aidait dans la cuisine. Elle lui a dit, l'air de rien, qu'elle ne supporterait jamais le spectacle de son mari faisant l'amour à une autre. Alors une idée de génie lui vint:" Ecoute bébé", lui dit-il, "si tu m'aimes tu dois me rendre heureux...et puis si ce n'est que ceci qui te tracasse, je ne serai jamais dans les bras d'une autre" et il a ajouté malicieusement, en souriant: " mais je prendrai un malin plaisir à te voir entre les bras d'un autre!". Elle a haussé les épaules et s'est contentée d'un "tu es fou, décidément" et elle a continuer à vaquer à ses tâches ménagères.
       Quelques jours plus tard, c'était elle qui l'a surpris, en lui disant que, réflexion faite, elle lui ferait plaisir juste parce qu'elle l'aimait et qu'elle coucherait avec un autre homme sous ses yeux à lui mais elle l'a prévenu:" Tu verras bien que cela ne va pas te plaîre". Lui, il a souri: elle  a mordu à l'hameçon. Il la laissera coucher avec le premier homme puis le deuxième puis le troisième et...il réclamera , au nom de la démocratie et de l'égalité des sexes, de faire de même avec des femmes.
         Ils ont commencé donc à fréquenter les clubs échangistes. Il se contentait de voir sa femme se faire prendre par des hommes et il n'éprouvait aucun plaisir. Sa femme soucieuse, lui a accordé le droit de faire la même chose avec des femmes. Il a jubilé. Ainsi, ils recevaient chez eux des couples et ils "s'échangeait" les partenaires. Au bout de quelques "essais" il en fut écoeuré. Il revenait donc au même comptoir du même bar, la cravate dessérée, pour se saoûler et raconter ses déboires à ses amis. Ces derniers lui ont tout simplemnt conseillé de tout arrêter. "Trp tard", leur répondit il, en ayant le soin de ne pas quitter son verre des yeux, "Elle me dit qu'elle ne peux plus arrêter car c'est comme une machine que l'on ne peut plus arrêter une fois l'engrenage déclenché" et il a ajouté tout en cachant son regard dans le fond de son verre:" Elle me dit que je ne peux pas comprendre car c'est compliqué". Ses amis se sont reragdé d'un air complice: la femme de monsieur y a pris goût!
        

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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 20:03
              Il ne comprenait pas le pourquoi des choses mais il devait s'exécuter. Par conformisme sans doute, comme font la plupart de ses compatriotes. Il devait s'abstenir de prendre toute nourriture--y compris de l'eau, du café( sa drogue à lui), des gâteaux et dés médicaments-- durant toute la journée...au moins, en public. Mais chez lui, non plus, il ne pouvait pas commettre ce "délit" par crainte de la réaction de sa femme et de ses enfants. Elle, elle le prendrait pour un impie, un lâche, une tapette alors que ses enfants ,eux...ils ne comprendraient pas pourquoi leur papa "faisait exception à la règle"...parce que leurs camarades, à l'école, leurs diraient que leurs papas à eux étaient sur "le droit chemin" puisqu'ils "se conformaient à la règle", et partant ce drôle de papa, le père de ces pauvres enfants, ne serait qu'un marginal, pire, un criminel qui osait manger et boire durant la journée...chose qui est strictement bannie....Il faut attendre le coucher du soleil.
   Lui,  il essayait de comprendre...mais c'était comme ça et pas autrement . Il avait besoin de toutes ses énergies pour bosser mais qui parlait de "bosser"? L'important c'était d'observer la "règle"....C'est vrai que ne rien prendre durant toute une journée de canicule allait vous mettre dans un drôle d'état. En fait, c'est cela la moralité de l'histoire: ne rien prendre et "se retenir": ne pas insulter, ne pas crier, ne pas prétexter de maladie pour passer toute la journée à la maison...Du coup, lui, il enviait ses collègues qui étaient de service la nuit. Eux au moins, cela leur convenait bien...Il ne devait pas se poser la question si c'était injuste ou pas et si ses collègues de nuit, eux, passaient toute la nuit, au boulot, en mangeant leurs plats préférés, à l'abri du soleil de la journée,  et en se réservant toute la journée pour dormir, pour "hiberner" jusqu' au coucher du soleil où ils pourraient ...recommencer à manger, alors que lui, il devait se réveiller à cinq heures du matin et bosser une douzaine d'heures....sans boire ni manger. Bref, les choses étaient faites comme ça. Et pour qui se prenait-il lui pour légiférer, philosopher ou cogiter?. Il fallait suivre ce que les autres faisaient: ne rien prendre du matin jusqu'au soir... et attendre "l'autorisation", données par les instances compétentes, pour se mettre à table, au coucher du soleil...et observer l'interdiction de prendre quoi que ce soit, annoncée par ces mêmes autorités, à partir d'un moment bien défini de l'aube. Simple, non? Et voilà, fallait faire comme ça et ne pas se casser la tête ni s'attirer des ennuis...qui peuvent être graves... 
      Le lendemain, il a fait comme tout le monde:" il est entré dans le rang", disaient les gens. Il attendait donc l'autorisation de se nourrir et passaient la soirée et la nuit à manger, à se gaver, pour emmagasiner des forces en vue des travaux qui l'attendaient le jour suivant.
      Mais ce jour- là, et à cause de ce qu'il avait pris la veille, il avait des nausées et des maux d'estomac... A midi, il a vomi...Et voilà, la journée était gâchée: il ne savait pas que vomir c'était comme prendre de la nourriture. Cela gâchait la journée et il fallait la refaire plus tard.
       Ainsi, le jour d'après,il a fait tout son possible pour ne pas craquer: la veille, il avait mangé peu et donc ce jour-là, il se trouvait mal armé pour affronter le travail sous un soleil brûlant. Du coup, il attendait avec impatience le coucher du soleil et ne faisait pas très attention à son travail, d'ailleurs il ne travaillait pas mais tergiversait, se cachait presque pour ne pas être remarqué et ne pas recevoir des consignes à exécuter: cela lui a valu un avertissement. Trente minutes avant le coucher du soleil, il conduisait sa voiture à une vittesse trop excessive. Normal. Il voulait regagner son domicile pour prendre le repas du coucher du soleil en famille et il ne faisait plus attention au milieu de cette circulation dense: ses réflexes ne répondaient pas bien car il n'avait rien bu ni mangé pendant plus de douze heures....et il n'a pas respecté la priorité à un carrefour...pire, il a réagi trop tard et il a falli écraser un gamin...Toutefois il est arrivé chez lui en un seul morceau et il était content. Il a fait comme tout le monde, durant cette journée et c'était la dernière journée...Demain, il pourrait prendre tout ce qu'il voulait, mets et boissons, en pleine journée...pas la peine d'attendre le coucher du soleil...Il fut donc doublement content! 
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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 04:14

Les jours s'en vont, d'un pas rapide mais certain.
Ton amour faiblit. Je le ranime, mais en vain.
On s'aime toujours  sur le même divan de satin
sur lequel tu avais jadis des orgasmes sans fin
mais qui, à présent, te fait terriblement mal aux reins.

Je cherche à t'aimer mais tu opposes tes deux mains:
une croix pour ton corps et pour moi un double frein.
Tu dis que l'amour est un jeu de vilains.
On le faisait, pourtant, et on n'était pas des saints!

Tu sais que pour toi je me coucherai sous un train,
que, au dam d'Archimède, je marcherai sur l'eau avec des patins,
que je jonglerai sur une corde après avoir bu des littres de vin,
que s'il le faut, je jettrai le Christ avec l'eau du bain,
et que je vivrai de ton amour sans toucher à l'eau ni au pain.

Mais il paraît que notre amour est trop incertain,
que nos pertes dépassent nettement nos gains,
que notre amour est souffrant et que son décès est prochain.

Alors,  de grâce, remets ton corsage et cache-moi ce sein
que je ne saurai toucher d'un doigt charnel ni voir d'un oeil divin!
 
A Tetouan, 1998.

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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 03:56

Tu étais la femme de ma vie.
Je t'ai forgée puis choisie
en dépit de tout le harem de mes poésies.

Mais un jour tu m'as trahi
quand tu as abandonné mon lit,
quand tu as parodié puis saisi
mes poèmes que tu as brûlé à minuit.

Cette nuit-là tu m'as ravi
ton portrait que j'avais réussi
grâce à des métaphores infinies.
Tu me l'as ravi et tu l'as détruit.

Et tu m'as volé ton médaillon chéri.
Tu l'as falsifié puis démoli
par tes mains cruelles et nazies.

Alors, à mon tour, je te défie.
Et par mes mains habiles de sorcier,
capables de changer une princesse en souris,
je te maudirai comme je t'ai bénie.

Et entre les lignes de mes poésies
je ferai de toi une drôle de fille:
une fille qui crache des crapauds quand elle rit,
une fille qui a des remords quand son amant jouit,
une fille qui se voit très laide dans l'eau des puits.

Et dans mes romans ce sera encore pis:
tu sera la femme fatale qu'on fuit,
comme on fuit une grave épidémie,
comme on fuit tous les malheurs réunis,
comme on fuit les femmes qui nous ont trahis.

A Tetouan, 1998.

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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 03:38

Les strip-teaseuses jetaient des flammes
gaillardes et gaies comme des feux d'artifice,
grâce aux miroitements de leurs paillettes et de leurs lames,
sous les projecteurs multicolores de cette boîte de Nice.

Les strip-teaseuses jetaient des flammes
pour déclencher, plus tard, des tempêtes
à causes de leurs corps et de leurs provocations de femmes
sous les regards en érection d'un public ivre et bête.

Plus tard, des hommes excités se dénudaient dans ce marché à puces.
Et le nombre des hommes nus, esclaves du phallus
dépassait celui des strip-teaseuses, marchandes de Vénus!

        A Tetouan, 1998.

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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 00:34

Elle a six ans
et tend sa main timide aux passants.
Ses loques, semblables à de simples rubans,
me font penser aux barreaux d'une fenêtre de prison.
Sur son visage loge un mélange de poussière,de larmes et de sang.
Le tout asséché par le vent.

Elle est décoiffée.Son corps est chétif et son coeur est souffrant.
Ses beaux yeux verts sont pareils à l'eau limpide d'un étang,
à travers laquelle l'on distingue facilement
la splendide mosaïque d'un fond triste...mais charmant.

Les gens jettent à cet enfant des regards hostiles ou indifférents.
Les gamins l'examinent avec crainte en se cachant
derrière les robes soyeuses de leurs mamans,
ou alors, ils la montrent du doigt à leurs parents,
en gesticulant et en riant,
comme si elle était une bête étrange ou un drôle de toboggan.
Les flics en uniforme lui ordonnent, avec un geste routinier de la main, de circuler.
Mais elle ne sait pas où aller et elle n'a pas d'argent.

Elle reste donc immobile, au milieu de cette place publique
comme une fontaine aride et squelletique,
comme une preuve accablante,
comme un témoin gênant,
comme un manifestant.

La nuit envahit doucement la ville telle le flux d'une mer.
La place publique est enveloppée d'un linceul noir.
Et la jeune enfant finit par disparaître
pour réapparaître, le jour suivant...

   A Tetouan, 1998.

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