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  • : Réflexion littéraire et philosophique. Extraits de l'auteur.
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  • "Penser, c'est dire "non"": Alain.
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15 novembre 2012 4 15 /11 /novembre /2012 17:19

    Les gens disent qu'il a changé...profondément changé. L'inquisition, dans les rangs de ses collègues, l'index pointé de ses supérieurs l'accusent de négligence, de manque de zèle, de "frigidité professionnelle"...Ses amis, eux, se réservent,  chacun pour soi, leur opinion à son sujet...pour se communiquer cette opinion plus tard les uns aux autres...Lui, il s'en fout, tout simplement et il trouve que le je-m'en-foutisme, en tant qu'expression, est plus éloquent que la frigidité professionnelle...Beurk, frigidité professionnelle, mon c..., une expression propre aux pédés!

   Ainsi, il continue de faire son boulot, de bosser...pour bosser. Le matin, il ne se réveille plus avant l'heure...Il traîne en se réveillant et il aurait souhaité se retrouver, en se réveillant, dans un pays lointain, dans un pays où il serait heureux , voire dans un désert, au Sahara, sur la lune, n'importe où mais pas dans ce pays de m...faisant ce travail de m...

   Certes, autrefois, il était si motivé pour ce travail, si zélé, si...engagé. Mais les conditions ont changé...Il était, à- peu près, comme ce pasteur prêchant, réconciliant, instruisant, écoutant, parlant...aimant les uns et les autres. Aujourd'hui, les mots ne veulent plus sortir de sa bouche, ses gestes se font au ralenti, ses efforts sont inutiles et dans les meilleurs des cas, ces efforts- là, par un effet boomrang se retournent contre lui. Alors, à quoi bon prêcher la bonne parole au milieu d'athées...A quoi bon ramener des brebis égarés si ces mêmes brebis cherchent, pire, provoquent, pire dévorent le Loup! Il est si écoeuré, notre homme, si dégoûté, si blasé qu'il ne ressent plus rien. Il lui arrive même de se demander s'il est toujours vivant, seul qu'il est, solitaire qu'il est et parachuté qu'il est dans "un terrain hostile", pour reprendre le jargon des militaires.

       Il lui arrive de se comparer à un prophète maltraité, à un savant malmené, à un croyant persécuté, à une victime torturée...Mais, en fait, il est juste quelqu'un qui a pris sa retraite affective, émotionnelle et rationnelle tout en continuant à travailler, car quand le coeur n'y est plus, rien n'y est.

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11 novembre 2012 7 11 /11 /novembre /2012 21:57

   Il se bat contre tous...contre les fantômes surtout...contre les chimères avant tout...contre les rumeurs après tout...contre les vents, la pluie et le mauvais temps...contre le passé, le futur et jamais contre le présent. Il se bat et exhorte tout le monde à le suivre...En avant!

    Il agite son drapeau et fonce sur ...l'invisible, sur le non- dit, sur l'inexistant. Il a une mission: conquérir ce qui est déjà acquis, défonceur de portes ouvertes qu'il est. Sa mission est complexe, compliquée et problématique: est-il facile de combattre le néant? Est-il concluant de se battre contre les moulins à vent?

 Je l'ai retrouvé comme je l'ai laissé: éternellement mobilisé pour une cause indéfinie, voire inexistante, toujours sur le qui-vive, jamais en civil, dormant d'un seul oeil, tel un samouraï dans le corps et dans l'âme.

  Hélas, il n'est pas conscient du ridicule de la situation. Il se veut doté d'une religion laÏque. Il se veut le prêtre de la jouissance. Il se veut le gardien de l'inexistance. Et il voulait que je sois son Sancho...

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 22:42
   Tu es livré à toi- même, dans cette ville en fête. Chacun ne pense qu'à lui- même et jamais à son prochain...Chacun célèbre la fête à sa façon sans se soucier de son voisin...Chacun croit qu'il détient la vérité en faisant la fête à sa façon...Chacun pense qu'il a raison et que son voisin a tort...Chacun veut montrer à son voisin que c'est lui qui célèbre cette fête comme il se doit et que les autres sont des hérétiques...Chacun pense qu'il est le seul qui chante la chanson officielle...Tout le monde a raison et tout le monde a tort.
   Tu te promènes dans les rues de cette ville sans te soucier de personne. Tu marches en fixant quelque chose, un point lointain, dans le vide. Tu ne fais pas attention aux autres qui t'entourent, aux yeux qui te fixent, qui te détaillent, qui te scrutent, qui te toisent...Tu les frôles sans les sentir, tu les coudoies sans les toucher, tu les croises sans les voir. Tu es transaprent tel un fantôme se promenant dans un château écossais.
   Tu ignores les salamalecs vides de sens. Tu n'entends pas le rbâchage dépourvu de contenus. Tu ne vois pas les festivités pompeuses, criantes, criardes et flagrantes. Tu es insensible aux vêtements baroques et aux langages précieux dignes d'une autre époque. Tu ne réponds pas aux commentaires trop curieux, déplacés qui viennent s'incruster dans ta vie privée comme un faux bijou s'incruste, mal, dans une couronne authentique.
    Tu continues ton chemin, dans cette ville en ébullition, sans ciller face aux festivités que la foule veut t'imposer et que ces gens s'imposent les uns aux autres...Tu ne trouves rien à ton goût. Tu as hâte de rentrer chez toi pour enfin retrouver celle qui te tient compagnie et qui te comprend on ne peut mieux: ta solitude éternelle.
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22 septembre 2012 6 22 /09 /septembre /2012 15:20

      Il était très ambitieux et enviait ceux qui ont gravi, quatre par quatre, les marches de l'escalier social et qui jouissaient d'un statut ...doré. Normal. Ne doit-on pas regarder vers des horizons plus...lointains? Ne doit- on pas regarder en haut...vers la cime verdoyante, hautaine et inaccessible? Le hic était qu'il pratiquait un métier dans lequel l'ascenssion sociale tout comme la promotion professionnelle étaient...problématiques, difficiles et surtout très lentes et souvent vaines. Il était enseignant, et du coup, il savait que son ascenssion dans le métier, en temps normal, prendrait le parcours et la vitesse d'une...tortue centenaire!

       Mais, peu importait: il aimait son métier en dépit des conditions dans lesquelles il le pratiquait, en dépit du marasme et du miasme qui stagnaient définitivement dans ce métier et qui faisaient de celui- ci un grand marécage insalubre, et surtout en dépit de la rémunération qui faisait que notre enseignant joignât les deux bouts du mois très très difficilement.

      Ceci dit, il avait des ambitions, lui. Il désirait donner des cours à des classes de "privilégiés", à des classes constituées de la crème des crèmes de la faculté, à des classes de génies et de surdoués. Il trouvait très confortable  cette situation dont il rêvait: ce serait une promotion d'un autre genre, une reconnaissance de la part du recteur et du doyen, mais égalemnt de la part de la société. Ne serait-il pas très beau d'être le professeur des classes les plus réputées de la faculté? Cette situation ne ferait- elle pas de lui un professeur émérite envié par ses collègues et respecté par ses supérieurs? Ne serait-il pas, lui,  ainsi à la vitrine de la faculté comme un costume du meilleur design exposé dans la vitrine d'un magasin de luxe sur l'avenue principale dans la ville la plus impériale du pays? Il se réjouissait de ce rêve et avait des frissons rien qu'en y pensant. Et surtout, il enviait, avec un mélange d'admiration, son collègue S. son aîné d'une trentaine d'années. En effet, ce dernier se voyait attribuer, à chaque rentrée, les classes les plus brillantes de la faculté. Et de cette attribution, monsieur S. en tirait un orgueil suprême!

       Les années passèrent, des étudiants ont quitté la faculté, d'autres sont arrivés, des lauréats ont été embauchés, se sont mariés, ont eu des enfants...qui à leur tour ont fait leur entrée dans cette faculté...Et bien sûr , monsieur S. était parti à la retraite...et le temps suivait son cours...

       Un jour, notre enseignant fut convoqué à la hâte au rectorat. On lui fit signifier, à son grand étonnement, le fait qu'il était devenu...un autre monsieur S.! Autrement dit, qu'il allait être chargé des classes élites du royaume de la faculté! Il en fut très content, d'une joie exubérante et effrénée, d'une joie d'enfant. Il rentra chez lui, le coeur vrombissant tel un réacteur de l'aéronautique!

     A deux heures du matin, les voisins entendirent un coup de feu provenant de l'appartement de notre enseignant dans lequel il habitait seul. La police découvrit quelques minutes plus tard le professeur gisant au sol, son révolver à la main, la tempe explosée, une bouteille de Whisky sur la table et un testament sur un bureau.

   On apprit, ce jour- là que, le professeur s'était suicidé après s'être longuement contemplé dans le miroir et avoir constaté qu'il avait dangereusement vieilli. Il avait ajouté sur le papier dans lequel il expliquait son geste qu'il avait été victime d'une supercherie du rectorat: il avait compris, après coup, que, lui conférer les classes les plus illustres de la faculté signifiait en filigrane, qu'il était à deux doigts de la retraite et qu'il ne lui restait que quatre ans à travailler au sein de cette faculté. On donne d'une main et on prend de l'autre, avait-il consigné sur ce papier. A quoi bon se voir accorder une classe prestigieuse si cela signifie que ses jours dans l'enseignement ,voire dans la vie, sont dorénavant comptés?. Difficile équation que notre professeur a résolu à sa façon: en déclinant l'offre de la faculté et en même temps celle de la nature. Finalement, il n'aurait résolu aucune équation et n'aurait découvert la valeur d'aucune variable. Une seule constante, en revanche, ressortait de son acte ultime: le désir de la perfection...Un leurre métaphysique!

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7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 20:54
Elle a dit oui...Enfin. J'avais presque perdu tout espoir. Son "oui" m'a presque surpris, choqué...tellement je ne m'y attendais pas. Son "oui" fut pour moi crucial, glacial, choquant, telle une douche froide. Son "oui" m'a percuté de plein fouet...comme un camion qui percute une vieille femme dans le passage pour piétons. Ce "oui", vecteur de charges positives, normalement, était, paradoxalement, pour moi, plus destructeur qu'un missile. Son "oui" fut, pour moi, plus fatal qu'une arme de destruction massive.
   Ainsi, je fus abasourdi, estomaqué, sidéré par ce "oui". L'être humain est bien bizarre, hein? On fait la cour à une dame et on s'investit là-dedans des années et le jour où la fortresse cède, que le drapeau blanc se fait hisser et que l'on se fait prier pour lever le siège et entrer en vainqueur...eh bien, que fait ce "vainqueur" en pareille circonstance? Il déplore presque sa victoire! Triste nature humaine, triste humanité triomphante...
  Je l'ai regardée attentivement, tel un archéologue examinant une statue. Je lui ai souri tout en la fixant du regard dans la perspective qu'elle se rétracte, qu'elle me dise que c'était un lapsus, un mistake, un que sais- je encore... Mais, elle soutenait mon regard, pareil à la jument sauvage fixant son prochain cavalier...Elle assumait son "oui". Elle avait l'air de me dire: "sois un homme et prends cette femme qui s'offre à toi"...de la provocation féminine pure et simple.
 Pense-t-on aux conséquences lorsqu'on assiège une ville ennemie? Et si cette ville tombait? Et si elle s'offrait? Et si elle nous suppliait de la prendre? Qu'en ferions nous? Le joyau de notre couronne ou la capitale de la souffrance?
Pour ma part, ma "victoire" m'a pris de court. Absurde, n'est- ce pas?...Telle est la vie.
Je me contentais donc de lui sourire...Je suis monté dans ma voiture et j'ai démarré...en n'osant même pas la regarder dans le rétroviseur...
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28 juillet 2012 6 28 /07 /juillet /2012 18:01

J'ai mis ma tête dans mes mains. Je n'avais l'envie de rien...même pas de pleurer. Je ne sentais plus rien à l'exception d'un sentiment d'impuissance. L'âge en est-il pour quelque chose? Je fixais le tableau accroché en face de moi. Ce tableau peignait une scène de guerre, une scène désolante, d'une défaite cuisante dans laquelle les cris des femmes violées se mêlaient aux regards terrifiés des soldats éventrés et aux supplications des enfants massacrés. C'était un tableau qui, jadis, ne me faisait pas peur...mais maintenant, je me rends compte que ce tableau était pendant longtemps accroché au-dessus de ma tête, telle une épée de Damoclès...Et en effet, ce soir, cette épée est tombée et a fait glisser avec elle mes derniers vêtements qui se sont coupés en morceaux, dévoilant ma nudité. Les murs me crient ma désolation, le miroir me renvoit une image bien piètre de moi-même. La chambre toute entière me faisait remarquer mon impuissance, avec des mots inperceptibles et intraduisibles.

 Oui, je suis un impuissant. Je ne peux la faire jouir ni même jouir moi-même. Mais je l'embrasse quand-même, dans une étreinte inutile...Puis, je jette un coup d'oeil à la feuille blanche qui se trouve dans ses entrailles, prête à recevoir ma semence. Mon regard est presque fuyant, un regard qui s'excuse et qui renonce à s'expliquer. Je la caresse d'une main molle et je quitte la chambre. Elle, elle reste là, la physionomie vide de toute expression. Ses touches, s'ils étaient ses yeux, m'auraient signifié mon impuissance tragique et m'auraient invité à la répudier. Mais je ne peux en aucun cas me séparer d'elle. Je sais que je risque de lui refaire le même coup et de ne pas la satisfaire, ou pire...de ne plus la satisfaire, mais que voulez- vous, l'égoisme humain me pousse à la conserver juste pour moi, pour moi seul. Je l'ai couverte et j'ai quitté la chambre, en pensant fort ce que je n'ai jamais pu dire bas: " Je suis indigne ce cette machine -à -écrire".

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21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 23:46

 Il était une fois, dans un pays lointain, un roi qui interdisait à ses sujets le port de la montre. Avoir autour de son poignet, ou sur soi, une montre était passible de la peine capitale. Aucun sujet n'osait porter une montre. Aux logis, avoir une horloge était considéré comme de la haute trahison. Bref, le Temps n'existait pas ou à vrai dire les habitants de ce pays vivaient au rythme d'un seul et unique temps: le Temps Royal ponctué par les ordres distribués par le Souverain. Les sujets avaient toutefois la permission d'aligner leurs activités sur le Temps de la Nature, plus particulièrement leur réveil, leur coucher et leur accouplement....En un mot, la notion du Temps, telle que nous la connaissons était absente, nulle et non avenue dans ce royaume paisible jusqu'au jour où...  

          Jusqu'au jour où un Etranger débarqua dans ce royaume paisible. Il remarqua, évidemment, l'absence de toute notion objective du Temps. Il s'enquit de la chose et il apprit que le Roi avait interdit toute montre, toute horloge, toute sablière...bref, tout appareil indiquateur du Temps. Mais l'Etranger fut plus particulièrement vexé par l'attitude des "citoyens": ils étaient contents, béats, extasiés...comme s'ils étaient dans un état second, sous l'emprise d'une drogue puissante. L'Etranger mena son enquête et découvrit, ô horreur, que l'absence de toute notion du Temps, dans ce royaume, évitait aux gens de réfléchir sur leur destinée, d'être angoissés, et surtout de craindre ou du moins de réfléchir au lendemain...Autrement dit, ces gens vivaient dans un état animalier avancé...Et ce diagnostic ne fut pas à leur avantage: le Voyageur décida de quitter illico cette contrée où l'on vit au rythme de son instinct et de celui du roi. L'Etranger fut tellement bouleversé qu'il décida de ne plus passer par ce Royaume sur son chemein du retour...Seulement voilà:

    Seulement voilà, sa montre à lui l'a trahi: il était le seul voyageur arrivant à l'heure à la gare, puisque, tous les voyageurs, dans ce paisible royaume, arrivaient soit en avance soit en retard...Et l'unique police de ce pays avait pour devoir d'arrêter les gens qui vont au travail, qui arrivent à la gare, qui viennent et qui s'envont, qui commencent une tâche ou la finissent...A L HEURE, drôle de tâche policière du reste...Cela étant, notre Voyageur fut arrêté à la gare ferroviaire par la police et il fut accusé de la haute trahison: arriver à l'heure à un lieu, ce qui implique le fait d'avoir une montre...qui marche...Et ce qui implique surtout que la police dispose d'une montre...pour arrêter les gens qui en ont une...Drôle d'histoire kafkaÏenne!!

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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 21:51

       Il est mort...La nouvelle est tombée comme le couperet d'une guillotine, comme une calamité naturelle, froide, explosive et grinçante...avec cette différence de taille: on ne s'attendait pas du tout à sa mort. Certes, il était malade mais il s'était rétabli, son état s'était même amélioré, il s'était éloigné des remous du danger et il avait regagné le rivage de la santé...quand la mort l'a rattrapé, telle un monstre marin qui refuse de lâcher sa proie...Une mort atroce, brutale, stupide, absurde, une mort de quatre sous aux antipodes de la mort sublime qui enveloppe le héros tragique, héros tragique qu'il était...On s'attendait à ce qu'il parte dans une mort cérémonieuse, une mort officielle, une mort réglementaire, une mort pompeuse...mais le voilà pris à la sauvette par cette mort subite, maladroite et voleuse, cette mort qui agit comme un bandit des grands chemins, cette mort trâitresse qui frappe au-dessous de la ceinture et qui vous assassine quand vous n'êtes pas sur vos gardes, bref, une putain de mort, déléguée par une quelqconque puissance impuissante, jalouse et assassine.

Il est mort...ce mercredi de janvier 2012, un mercredi creux, triste, funèbre, timide, maudit, absurde...Un mercredi où le temps et l'espace se sont figés pour des secondes...Un mercredi de science- fiction. Il est mort...sans crier gare...Une vie vient de s'éteindre, une étoile vient de chuter, un coeur a arrêté de battre, une veuve a commencé à pleurer, des enfants sont orphelins.

Il est mort...dans la surprise générale. Cette putain de mort vient de marquer un but mortel lors du temps mort, alors que tout le monde s'attendait à une égalité salubre et salutaire. Il est mort...contrairement à la logique des choses, contrairement au diagnostic des médecins, contrairement à l'optimisme de ses enfants et à l'amour de sa femme. Il est mort...par la main du Destin qui a réussi à glisser, tel un serpent maléfique, jusqu'aux tréfonds de l'abri où cet homme se croyait protégé...Un destin qui vous happe dans un souffle indescriptible car immatériel et vous emmène vers l'au-delà, tel une bombe qui réussit à franchir les tranchées et à emmener dans une explosion le soldat fraîchement mobilisé, vers la contrée mystérieuse du néant, avant-même que ce soldat ne prenne son fusil adossé au mur de la tranchée.

Il est mort...ce mercredi de Janvier 2012. Il est parti...sans espoir d'un possible retour...Il a été enlevé, kidnappé, pris en otage et sacrifié...Il est mort, mon ami.

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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 21:29

     Chaque matin, il la croise sur son chemin au travail. Et, chaque matin, il la regarde juste au moment où il arrive à sa hauteur. Un regard éloquent quoique silencieux. Un regard perçant, ciblé, auscultateur. Un regard qui plonge dans ses yeux à elle. Un regard qui va droit au but et qui ferait vaciller une femme, un regard- torpille.

        Et chaque matin, elle le regarde, elle. Mais d'un regard différent. Un regard réceptif. Un regard calme et sûr de lui comme si elle était habituée qu'on la matraque du regard, comme si elle s'était familiarisée aux regards mâles qui plongeaient dans le sien, comme si elle était initiée au langage du regard, comme si elle avait suivi une formation là- dessus! A tel point que, même si elle est toujours sur la défensive quand elle le regarde, elle donne l'impression que c'est elle qui mène le jeu, puisque son regard à lui, après avoir plongé dans ses yeux à elle, les quitte soudainement, comme un visiteur pressé, quittant les lieux!!

             Ainsi, au fil des jours, il redoute cet instant, le moment où il la croise. Il commence à craindre son regard à elle, car si son regard à lui était au début curieux, puis admirateur, puis dragueur, son regard à elle a évolué de la simple acceptation du sien, à une espèce de drague dangereuse, une sorte de domination, d'autorité mêlées à de l'ironie et à un brin de légerté...Bref, un regard où l'on trouve un peu de tout comme ces cocktails composés d'ingrédients de diverses natures qui les rendent ipso facto dangereux, au du moins d'un goût suspect.

Par conséquent, le moment de croiser cette femme est devenu un instant insupportable pour notre homme bien avant qu'il ne croise son regard à elle, un peu comme le patient qui panique à la vue du dentiste avant- même que celui-ci ne lui demande d'ouvrir la bouche. Notre homme commence à perdre pied devant cette femme. Son regard si viril d'autrefois est devenu un regard de chien battu: un regard digne d'une victime éternelle...             

           Un beau matin, alors qu'il lui adresse son regard supplicateur de crucifié, il a failli avoir une crise cardiaque: elle ne l'a pas regardé. Pire, elle a continué son chemin, le nez en avant, telle un navire déchirant les flos par sa proue. Ce jour- là, il a appris ce que c'est d'être ignoré par celle qu'on a daigné regarder.

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23 juillet 2011 6 23 /07 /juillet /2011 16:27

Il était une fois un pays où tout le monde était heureux. Personne ne souffrait car personne ne pensait. En fait, penser était un crime passible de peine de mort...Et personne n'osait même penser à ...penser. Cependant, tout le monde était heureux: à quoi bon penser? Ces gens se vautraient dans la boue de leurs malheurs en les prenants pour des bonheurs, puisque leur "guide suprême" leur répétait que chaque malheur était un bonheur déguisé et qu'il suffisait de voir les choses ainsi...Il faut dire que si, eux, ne pensaient pas, eh bien leur "guide suprême" pensait...d'une façon étrange...si on peut dire comme cela, car en fait, leur "guide suprême" était un fou à lier! Les jours passaient et de génération en génération, ces gens développaient la tare sociale de ne pas penser, comme les animaux de Darwin développeraient une faculté! Et ils en étaient fort heureux: à quoi bon de penser? Un jour, un pélerin, passant par cette contrée, dut y passer une journée. A sa grande stupéfaction, il constata que ces gens ne pensaient pas et il remarqua, avec dégoût, leur sourire béat, leur regard con, leur allégresse de ...drogués. Il s'en désola. En le voyant triste, ces gens l'ont attrapé pour le lyncher, car si cet homme était triste c'est parce qu'il avait pensé...Ils ne savaient pas qu'il était triste pour eux et à cause d'eux...Ils ont insisté pour qu'il soit pendu, à l'aube.  Des semaines, des mois et des années passèrent, mais l'arbre qui fut utilisé pour la pendaison du pélerin devint une épine dans la gorge heureuse de ce peuple...Rien qu'en passant à côté de cet arbre, ces gens pensaient au pélerin et voulaient connaître la raison de sa tristesse: en étaient- ils pour quelque chose? parce que quand ce pélerin mit pied dans leur contrées, il n'était pas triste à priori...Et c'est quoi la tristesse au juste? Ces gens commençaient donc à penser, petit à petit, et leur sourire béat s'estompait peu à peu...Leur guide suprême, au lieu de chercher à connaître la raison de la mélancolie de ses sujets, ordonna que l'arbre auquel fut pendu le pélerin soit abattu! Ce qui n'empêcha pas ses sujets d'oser être triste, d'oser penser et d'oser cogiter... mais en cachette. Un jour, à l'aube, alors que "le guide suprême" dormait dans son lit doré et gigantesque, entouré de femmes et de garçons mignons, un garde accourut: les sujets, armés de hâches, de batons, de fusils...et équipés de flambeaux marchaient sur le palais. Le "guide suprême" avait déjà des plans contre une éventuelle révolution, il ordonna donc d'équiper "le bateau suprême" pour préparer sa fuite. Mais, il voulait, pour gagner du temps, négocier avec ses sujets. Ces derniers avainet une seule doléance: ils voulaient juste que l'arbre abattu par leur guide soit replanté!4850139682_59c08cdd28.jpg

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