A mon ami X,
Debout, devant ta tombe exilée dans un coin damné de Paris,
j'espère et je prie.
J'espère que tu ne m'as pas contaminé
et je prie pour le repos de ton âme.
Et je me souviens
de la maladie du septicisme qui t'a emporté.
Cette maladie, tu me l'as passée
pendant une belle nuit d'été
lors de nos ébats...intellectuels.
Cette nuit- là, je ne portais pas de préservatif.
Le préservatif de croire ou d'être modéré.
Un préservatif tissé par les doigts osseux des mollahs du clergé.
Tu étais fier, cher ami, de laisser germer en toi la maladie de douter.
Tu traînais avec toi le doute comme une mère qui traîne un enfant turbulent sur les trottoirs encombrés.
Le doute était pour toi une plaie avec laquelle tu concubinais
et à travers laquelle tu respirais.
Ce doute est le seul héritage que tu m'as légué
et je reste l'unique héritier de ta philosophie.
Repose en paix mon ami.
Que Dieu ait ton âme...et surtout, ton esprit.
A Tetouan, 1998.
Mohamed AZZAMORI.