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8 novembre 2009 7 08 /11 /novembre /2009 23:05

Le villageois espagnol
pousse, un matin, les deux battants du portail de l'église déserte
et s'arrête, un instant, au seuil de ce saint lieu,
les bras horizontaux tenant les deux battants du portail rigide.
Il a ainsi l'air d'un brave Jésus crucifié.

L'Espagnol ôte son vieux chapeau défraîchi
et avance vers le prie-Dieu timidement,
en froissant machinalement de ses doigts rustiques
les bords de son couvre- chef déformé comme un curieux sombrero.

Ayant atteint le Prie- Dieu,
le paysan s'agenouille,
tenant de sa main gauche son chapau chiffonné
contre son coeur qui bat fort.
Et notre homme trace dans l'air avec l'index de la main droite
une croix sommaire, naïve et à peine esquissée.

Puis José marmonne quelques prières,
les yeux fermés et la tête en berne,
le coeur sincère et l'âme aux cieux...

Et du vitrail latéral, un rayon s'infiltre
et tel un flash, il immortalise la brave homme
et lui donne l'air d'un saint canonisé.

Et à mes yeux, l'Espagnol paraît très beau
comme le portrait d'un ange ou comme un bébé dans ses langes.
A la différence que cet hôte du Seigneur
a le front ridé et les tempes grisonnantes,
a le coeur dégoulinant un sang invisible,
a les épaules écrasés par le fardeau de la vie,
a des vêtements qui sentent le prolétaire marginalisé.

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commentaires

C
<br /> <br /> J’y vois de la timidité, du respect mais beaucoup de crainte……………… c’est endroit me semble bien trop prétentieux pour recevoir la supplique de<br /> cet humble Espagnol mais je pense que Dieu l’a exaucé avant même qu’il n’entre dans ce lieu dédié uniquement à l’ambition démesurée de l’homme.<br /> <br /> <br /> Je crois que Dieu se contente d’un endroit beaucoup plus petit et tellement plus fort…….vous savez ce lieu où l’on entend cette petite<br /> voix…………………………….<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> Bonjour Martine,<br /> je pense que le lieu importe peu vu que le vrai lieu est situé DEDANS ce paysan et non DEHORS. Je pense que son respect(ou sa peur) vis-à-vis de la religion est...conditionné et demeure<br /> intact  que cela soit à l'église ou dehors l'église. Ce villageois  a un espace mental. L'église en tant que lieu n'est qu'une "machine" à effets spéciaux. Elle est une espèce de<br /> miroir où se reflète pour s'amplifier ce sentiment"ambigu" de l'Espagnol! Bien à toi!<br /> <br /> <br />
T
<br /> C'est justement beau parce que c'est vrai! grâce à toutes les imperfections, regarde quand Van Gogh a peint "les mangeurs de pommes de terre", c'est beau parce que ce sont des paysans peints dans<br /> le naturel de leur quotidien,<br /> regarde quand les peintres espagnols ont saisi la vérité de petits mendiants, la peinture qui nous parle le plus c'est celle là comme l'oeil d'un photographe qui saisit l'instantané au lieu d'aller<br /> inventer une fausse image utilisant tous les artifices de la retouche,<br /> un visage ridé c'est celui qui porte les émotions de la vie alors il nous parle si on sait lire dans les rides comme sur les lignes d'un livre<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> Je fus toujours attiré par les paysans, Nicole, car justement, leur contact quotidien avec la terre et avec la météo font d'eux, à mes yeux, les détenteurs des "secrets de la vie". Ce n'est<br /> pas pour rien, je pense que Mao, même si je n'approuve pas sa démarche, a envoyé les intellectuels à la campagne travailler la terre. Mais, la fausse touche dans le tableau est ceci: en général, un<br /> paysan se présente à mes yeux sous un jour qui lui est peu bénéfique: il souffre. Cette souffrance, j'ai essayé de la peindre un peu, dans ce poème. Merci beaucoup!<br /> <br /> <br />