"Mes élèves ne lisent pas", les tiens "lisent peu", les siens "ne lisent pas du tout"...autant de commentaires que l'on entend par- ci, par-là, dans les cours des lycées et dans les cafés...
Inutile de vous rappeler que les auteurs de ces commentaires sont des enseignants qui se plaignent de leurs élèves, du manque d'intêret de ces derniers vis-à-vis de la lecture, de leur manque d'appétit"lectoral", de leur addiction quant aux jeux vidéos, Internet, DVD et j'en passe.
Touefois, une question s'impose: les enseignants, eux, lisent-ils? Négatif. Evidemment, on ne va pas mettre tout le mond dans le même panier mais disons que la grande majorité des ensignants--moi y compris-- ne lit pas, lit peu ou ne lit pas du tout!
C'est un constat amer.Mais pourquoi donc les "profs" ne lisent plus? Par manque de motivation, par manque d'intérêt ou par...incapacité? Difficile d'y répondre. Il faudrait être un spécialiste et il faudrait mener une enquête sociologique en bonne et dûe forme. Hélas, je ne remplis ni la première ni la deuxième condition. Je vais quand- même marcher sur les plates bandes des spécialistes et tenter, autant que faire se peut, d' apporter des éléments de réponse et tant pis si je me trompe...
En tant qu'enseignant--qui lit peu ou pas--j'ai "côtoyé" pas mal de"profils" de profs.Très rares ceux qui lisent, qui écrivent ou qui s'intéressent à la rigueur à leurs discipline, toutes disciplines confondues. La plupart des profs répondent à des profils précis:
1- Celui du désintéressé: il a un boulot. Alors à quoi bon"se crever les yeux" puisque la promotion ne se fait pas en fonction des heures de lecture ni du nombre d'ouvrages lus.
2- Celui du dégoûté, du frustré(non par la lecture mais à cause de sa situation financière et sociale). Finalement, il pense ceci: c'est la lecture qui m'a mené là où je suis, prof mal payé et mal logé que je suis. Et puis, ceux qui sont aux commandes, mes supérieurs et leurs supérieurs n'ont jamais lu quoi que ce soit, à part leurs cours scolaires. Pas besoin d'être"poète" pour commander dans ce pays!!
3- Celui de l'"hommes d'affaires":occupé à bâtir des maisons pour les vendre et en construire d'autres, occupé à gérer des projets qui n'ont rien de...pédagogique. Pour ce type de profs, leur boulot est juste une vitrine sociale, leur salaire est...comment dit-on en physique? Ah oui, "une quantité négligeable" par rapport à leurs bénéfices commerciaux.
4- Celui du bon vivant: il s'adonne à toutes les activités: Internet, cinéma, bars, soirées, femmes...Il ne se comporte pas dans ces "domaines" comme un artiste mais juste comme un consommateur.
5- Celui qui est terre-à-terre, englouti dans l'océan des soucis quotidiens et des tâches ménagères et du...socialement correct.
6- Celui qui est...ailleurs. Dans un monde qui n'est pas le nôtre. Il a son monde à lui. La lecture n'y figure pas.
Je fais peut-être partie d'un "profil" ou d'un autre. Toutefois, je trouve que c'est une honte quand un enseignant d'une langue donnée ne dispose pas de...dictionnaire chez lui, quand un enseignant ne prend pas la peine de "déguster" un effet de style dans une oeuvre qu'il est censée enseigner à ses élèves, quand un enseignant vous répond, quand vous lui posez une question"culturelle" après 18 heures,:"Ne me parlez pas boutique", quand un enseignant, enfin, reproche à ses élèves leur manque de culture "livresque" alors que le seul livre dont il dispose,à sa "bibilothèque" est son livret d'état civil.
L'élève n'est qu'un "produit" de la société juste comme l'enseignant l'est.Mais pourquoi donc se plaint-on de la non rentabilité d'une succursale quand la Maison- Mère est en faillite?