Le cimetière reçoit le dimanche
des troupes de visiteurs parfumés et bien habillés
et des gamins et des gamines qui ne comprennent pas encore
le pourquoi de ce lieu et de ces larmes endeuillées.
Alors, ils troublent, inocemment, la paix de cette cité,
en jouant à cache-cache entre les tombes des regrettés.
Et vous aurez remarqué entre chaque personne en deuil et chaque tombe honorée
un silence éloquent ou des mots balbutiés.
Une complicité diffuse s'engage alors
entre le royaume des morts et le monde d'aujourd'hui.
Le cimetière est enfin en paix, le soir.
Des tombes se sentent à l'aise, rafraichies par des larmes sincères.
D'autres soupirent lentement
et leurs soupirs font frissonner les feuilles des arbres affligés.
Et sur les pages des registres célestes
scintillent les noms en or de quelques gens ordinaires
qui ont rendu visite, ce dimanche, au cimetière de Brest,
par les routes, par la mer ou par les chemins de fer
pour déposr une fleur ou pour dire un prière.