Verbatim

Le bus espagnol se pavane dans les rues de Cebta,
à la manière d'une patrouille de police, lors d'un couvre-feu.
Un couvre- feu virtuel, dans la ville de Cebta.

Le bus espagnol s'arrête sportivement quand le feu est au rouge.
Et quand le feu passe au vert,
il a du mal à redémarrer.

L bus espagnol est très confortable.
Avec ses larges sièges, il a l'air d'un sallon de coiffure.
Vous aurez, passagers, un droit supplémentaire
à une musique dansante et à un "arrêt demandé".

Et lorsque la radio se tait, par moments,
vous entendrez la musique naturelle
des rabâchages des passagers
de la préside de Cebta,
ou alors vos oreilles capteront des bribes d'une communication radio
entre le chauffeur et ses collègues disséminés dans les artères de la ville
et assumant, eux aussi,
les grandes responsabilités
de conduire d'autres passagers à d'autres terminus de Cebta.

Et si vous caressez des yeux les personnages de ce décor surréaliste,
vous aurez droit à un signe de tête,
aimable salut d'un sexagénaire retraité,
ou vous décrocherez un clin d'oeil sexy
gratuitemnt offert par une prostituée de Cebta.

Et au cas où vous regarderez avec insistance dans le rétroviseur intérieur,
vous gagnerez un sourire bon enfant,
prodigué par le chauffeur moustachu et joufflu,
le chauffeur du bus de Cebta.

Et quand vous descendrez à l'arrêt demandé,
une curieuse envie vous pousse à tourner la tête
et à contempler avec philosophie ce bus singulier:
vous remarquerez que ce bus est emballé
dans de larges tableaux publicitaires
provocants et miroitants,
comme un bikini bariolé
d'une jolie femme espagnole
allongée sur un serviette fine
sur la plage de Cebta.