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Chaque soir, je me promène dans les rues de Tetouan
et tandis que je garde les mains dans les poches, l'air fainéant et bon enfant,
mes yeux s'activent à ausculter les visages, les bâtiments et les balcons
et palpent les péristyles, les perrons, les galeries et les gens.
Ainsi, je prends l'air d'un chirugien dont les doigts agiles dissèquent galemment
le corps gigantesque de sa bien-aimée: sa ville natale.
Je dévisage ces gens qui discutent bruyamment,
qui haussent les épaules théâtralement,
qui sourient et qui jurent instinctivement
et qui échangent des accolades débordantes.
Et je ressens que l'architecture de cette ville ainsi que les moeurs de ses gens
laissent voir, à la manière d'une loupe géante et limpide,
une empreinte espagnole et des traditions ibériques
dont le peuple reste fier comme d'un trophée remporté
que l'on astique, que l'on exhibe lors des fêtes et...des défaites.
