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18 novembre 2009 3 18 /11 /novembre /2009 13:24

  On n'avait pas de ses nouvelles depuis des mois. Lui, il a préféré se mettre sur le mode "silencieux". Il ne dérangeait personne et tenait à ce que les autres fissent de même. Il avait soigneusement préparé sa retraite. Un décor mystique: un cabanon isolé dans les montagnes, à une centaine de kilomètres de sa ville natale. Il vivait, pendant des mois,en solitaire, entouré de végétations abondantes, de lacs et du silence. Il avait laissé pousser sa barbe, avait abandonné son portable, son ordinateur et même ses pièces d'identité. Il tenait à se faire oublier par le public et surtout se faire oublier par lui- même. Il avait l'air d'un Robinson Crusoé, en exil...volontaire ou plutôt en ermitage existentiel.
   Les raisons de cette retraite sont simples: d'abord, il voulait digérer, lentement, le grand échec de son dernier roman qui a soulevé une vague d'indignation dans les grandes masses des lecteurs y compris ceux qui lui étaient les plus fidèles. Ensuite, il voulait oublier le monde de l'écriture, de l'édition, et de la publication tel un joueur invétéré qui tente d'oublier le monde de la loterie, et enfin, il voulait préparer son come- back, son grand retour en force. C'est pourquoi donc cette retraite était pour lui une thérapie, une stratégie et un salut.
   Il passait ses journées à chasser les mufles, tel un homme primitif, à prendre soin, en artiste, de ses herbes et ses fleurs, à fignoler ses moyens de défense contre tout envahisseur potentiel, et surtout à tout faire pour oublier. Oublier les autres, oublier son ancien mode de vie et oublier sa véritable identité. Les premiers mois lui furent cruels: pareils aux premiers mois d'un alcoolique dans un asile thérapeutique. Il pensait - même finir par y laisser sa peau. Cependant, il avait réussi, au fil des mois, à se forger une carapace de fer. Il avait mis en oeuvre tout ce qu'il avait appris pour...survivre. Un véritable stage de marine's, un chemin de Calvaire, une période initiatique qui lui a permis enfin de survivre dans cette jungle.
   Il se promenait tel un soldat en mission de reconnaissance, en alerte maximale. Il avait le visage barbouillé de peintures, des vêtements reflétant un art particulier de camouflage et des armes hétéroclites. Si jamais une patrouille de gendarmes l'avait recueilli, on l'aurait pris pour un sauvage et il aurait fini ses jours dans un musée anthropologique...sinon dans un cirque...à moins qu'il eût atterrit dans un asile de fous. Mais, lui, il trouvait que, en agissant ainsi, il revenait aux sources. Il jugeait qu'il avait enfin cerné sa vraie personnalité, sa véritable identité, celles de l'Homme Primitif qui arrive à survivre, contre vents et marées, avec des moyens de fortune et il en était content.
   Un soir, alors qu'il buvait, à même la cruche,...du vin local, un liquide issu d'un mélange d'herbes dont personne d'autre ne connaissait la recette, une idée s'est abattue sur lui à tel point que sa cruche vacilla: pourquoi ne pas écrire un roman relatant son épopée dans ce milieu hostile ,à savoir la jungle. Plusieurs écrivains l'avaient fait mais lui il aurait un avantage: cette épopée serait...authentique, réelle, illustrée. Le livre ferait donc fureur. Il serait adapté au cinéma. Lui, il deviendrait une célébrité et les gens viendraient en masses, en pélerinage chez lui et frapperaient tout le temps à sa porte...
   Des toc-toc insistants le réveillèrent. Sa télévision en mode silencieux inondait la chambre de flots de lumières intermittentes et multicolores qui se brisaient sur les murs telles les lumièrs d'un gyrophare d'une ambulance. Sa bouteille vide de whisky gisait à ses pieds comme un cadavre inerte. Son cahier,vierge de mots mais rempli de traces de larmes et de whisky était la preuve accablante de l'amertume de la réalité. Une preuve qui le fit sursauter. Le passage du rêve à la réalité était sans transition et sans appel. L'atterrissage fut donc...en catastrophe.
   Les toc-toc se voulaient encore plus insistants. Lui, il a mis sa tête dans ses mains et a murmuré:" Encore cette  foutue femme de ménage qui débarque à des moments inopportuns...". Il a ajouté, déçu, en soupirant:" Si elle était une muse!..."

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commentaires

C
<br /> Toc..Toc..... Je suis de retour Poète Ecrivain pour à nouveau éguiser ton imagination<br /> j'irais puiser dans ton coeur toutes ces joies - j'irais apaiser dans ton coeur toutes ces peines<br /> Bisous<br /> Chronique<br /> <br /> <br /> <br />
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