Madame est libre.
Elle s'est libérée par elle-même
avec le concentement tacite de son époux.
Elle est enfin libre
comme une tigresse échapée d'un zoo.
Elle balance ses hanches serrées dans un pantalon collant
et offre ses seins généreux aux regards des passants...
Et d'un geste sensuel, sexuel, raffiné,
elle rejette en arrière ses longs cheveux roux,
et marche en tortillant son corps comme un serpent qui danse
sous la musique inaudible d'un charmeur de serpent invisible.
Elle met en valeur son capital de chairs rebondissantes
et avance lentement et sûrement
telle un mannequin défilant sur une piste de prêt-à-porter.
Les automobilistes, semblables à des photographes
lui envoient leurs regards lumineux...
Les plus timides d'entre eux
s'abstiennent de la dévorer des yeux
mais rajustent leurs rétroviseurs
dès qu'ils la dépassent
pour mieux faire le bilan.
Ainsi, un désir refoulé plane sur ce champ de bataille érotique.
Et madame poursuit sa percée dans les tranchées mâles
telle un char dispersant des recrues désarmées.