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5 novembre 2009 4 05 /11 /novembre /2009 19:08

  Il était très content. Il ressentait une allegresse religieuse. Il était dans un état second. Il avait passé toute la matinée scotché à son miroir pour se faire beau, tel une lycéenne.N'avait-il pas un rendez-vous ce soir-là avec sa bien-aimée? Et surtout, sa bien- aimée ne lui avait-elle pas déclaré qu'elle lui réserverait une SURPRISE ce soir- là? Allons donc, il y avait de quoi être heureux, mais surtout très fier.
 Il prit, devant le miroir, un air très sûr de lui, il prit la pose d'un coq désiré par toutes les poules du village. Il appliqua de l'after shave sur ses joues fraîchement rasées, passa un coup de peigne sur ses cheveux, jeta un coup d'oeil consciencieux au miroir pour vérifier qu'il était bien présentable et fila au rendez- vous...
 Il venait de toucher son salaire. Il avait dans la poche de son veston une bague qui lui a coûté la moitié du salaire et qu'il comptait la lui offrir ce soir-là, au café. Justement, ce"café" qu'ils allaient prendre lui coûterait l'autre moitié du salaire. Mais, il n'était pas inquiet pour autant. Sinon, le proverbe"vivre d'amour et d'eau fraîche" n'aurait aucun sens. Quant au propriétaire de son studio, eh bien, il pouvait toujours attendre. L'amour passe en priorité, juste comme l'ambulance...
  En marchant, il se posait mille questions: quelle surprise allait-elle lui faire? Un cadeau? Un mot d'amour? Un câlin? Ou enfin sa réponse à ses demandes réitérées de mariage?...Ou même peut- être qu'elle lui dirait:"Veux-tu bien m'épouser,bébé?". Rien ne le surprenait de la part d'une femme et puis...n'est-il pas beau,sexy,ayant un statut professionnel de stagiaire certes, mais dans une grande entreprise de Paris. Une entreprise imposante qui vous fait un effet bizarre lorsque vous passez à côté: un mélange de respect, de peur, de confiance, de rêve et... d'envie. Et puis, il serait titulaire dans un mois. Qui refuserait un mari pareil? Une folle ou...une lesbienne. Mais aussi: les femmes ne lui disaient-elles pas...comment dire...ah oui, qu'"il avait du chien"? Il se rengorgea: il l'aurait cette fille. Il se voyait déjà entrain de la posséder. Il eut une légère érection. Il s'est laissé aller pour quelques secondes comme sous l'effet d'un alcool puissant puis il se ressaisit: soyons sérieux. Allons, pas de précipitation, chaque chose en son temps...
  Elle était déjà là-bas. A la terrasse du café. Il jeta un regard à sa montre: il était pourtant en avance, lui.. Il sourit: c'est une preuve d'amour. Elle était au rendez- vous bien avant lui. Oh! Ces femmes! Toujours impatientes. Il eut, soudain, une moue de mépris: ce sont les femmes pourtant qui arrivaient au rendez- vous un peu en retard,pour...avoir le plaisir de se faire attendre. Alors que celle-là...Il chassa rapidement de son visage cette moue réprobatrice comme un enfant qui efface, d'un revers de la main et en une seconde, les traces de confiture sur son visage, pour ne pas être pris en flagrant délit par sa mère.Il sourit et avança vers elle. Putain! qu'elle était rayonnante!...
  Ils étaient là- bas depuis une bonne demi- heure. Lui, il tâtait de temps en temps la poche de son veston pour s'assurer que la bague logée dans son coffret était toujours-là. Il attendait le moment opportun pour la lui offrir. Mais il s'attendait à ce qu'elle lui révélât la surprise qu'elle lui avait promise. Il prit l'attitude de l'enfant qui s'attend, impatiemment, à ce que le magicien sorte un lapin de son chapeau noir. Ses yeux étaient donc rivés aux lèvres de sa Belle. Des lèvres belles, charnues, généreuses et bien tracées, sans parler du rouge à lèvres qui leur donnait l'aspect d'une pomme qui vous invite à la croquer. Il imagina ces lèvres appliquées sur les siennes, puis sur son cou, puis sur son torse, puis sur son nombril, puis...Il secoua sa tête comme pour chasser ses images qu'il aimerait pourtant tant visualiser...à l'infini. Il reprit sa position d'élève accroché aux lèvres de sa maîtresse, se demandant ce que ces lèvres allaient lui annoncer comme surprise: des perles ou...des crapauds?....
  Elle daigna enfin ouvrir cette jolie bouche choyée pour annoncer un:"Tu m'as tant manqué!". Il ferma les yeux de plaisir comme s'il avait atteint l'orgasme...qui fut vite remplacé par la sensation...douloureuse d'une piqûre de scorpion! Sa Belle s'adressait à quelqu'un d'autre qui venait  juste d'arriver et qui se tenait juste derrière lui. Elle ajouta sur un ton câlin:"Je savais que tu viendrais!" et couronna le tout par un baiser sans équivoque et une étreinte qui se passait de tout commentaire prodigués au nouveau venu. Puis, elle l'invita à une autre table en se laissant prendre par la taille:" Viens par- là. Nous y serons plus tranquilles"...
   Notre héros, la Bête,--quand il y a une Belle il faut une Bête-- demeura pétrifié à sa table. Ne pouvant même pas respirer. Bref, il s'est momifié, devenant du coup, un élément du décor de ce café où l'on fait de mauvaises surprises à des gens trop ambitieux.  

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4 novembre 2009 3 04 /11 /novembre /2009 23:40

     Il était là depuis des heures, impuissant, devant cette féminité provocante. Son impuissance s'aggravait d'heure en heure. La vierge, elle, l'attendait sans émettre aucune plainte pas même un signe de mécontentement. Ce qui rendait notre homme encore plus mal à l'aise c'était cette patience exemplaire de cette vierge qui l'attendait et qui  lui murmurait des mots doux, des mots de consolation, lui faisait comprendre qu'il pouvait prendre tout son temps. Elle le consolait, oui, c'est le mot! Lui, le célibataire endurci, celui qui a défloré des dizaines de vierges sans compter les femmes, restait impuissant devant cette beauté vierge alors qu'elle, elle prend son mal--son mal à LUI- en patience et lui susurrait  que"cela arrivait aux mâles les plus performants et aux étalons les plus  puissants". Cette compassion le mettait très mal à l'aise, beaucoup plus que son impuissance elle- même. Ce n'était pas lui, le prototype du mâle, qui finirait sa vie impuissant devant une vierge et consolé, de surcoît, par cette même...femelle.  Ah non! Plutôt mourir! Il se leva donc, enfila une chemise à la hâte et se dirigea vers son balcon, son verre de vin à la main et sa cigarette entre les lèvres. Il était décidément saoûl et il le savait. Il voulait à tout prix fuir cette vierge qui le contemplait, telle une sirène muette. Il voulait se cacher, faire ses valises, disparaître....
     Au balcon, des idées de suicide le tourmentaient, pareilles à des créanciers tourmentant un débiteur. Il eut, dans un moment, l'idée de sauter par-dessus la rampe du balcon et il évalua la distance le séparant du sol, fit des calculs et estima sa chance de tomber raide mort. Il n'aimait pas finir dans un fauteuil roulant. Il refit les calculs: une chute libre c'était la multiplication de la masse par l'accélération. Il refit les calculs et chaque fois le résultat était différent. Il se rendit compte qu'il était ivre. Il leva les yeux au ciel, en signe d'impuissance, pour prendre le ciel à témoin, peut-être, ou pour montrer au Créateur la déchéance de sa création, une création qui n'était  pas parfaite puisqu'elle n'arrivait plus à...honorer une vierge.
   Pourtant, le ciel étoilé de ce mois d'Avril, le vent chavirant avec lui un parfum de fleurs et de verdure, les couples d'amoureux qui défilaient, enlacés, sous son balcon...tous les composantes de ce spectacle visuel, sonore et olfactif le retenaient à la vie, comme une ancre retenant un bateau au bon port de peur d'une dérive...Mais, cette vierge qui était-là, à l'autre pièce....?
   Il prit une décision capitale: il avalera un Viagra. C'était le remède à utiliser en dernier recours. Il était déjà à sa sixième pilule depuis six jours. Une pilule par jour...Il était donc dans les normes. Il avança d'un pas certain et décidé vers sa chambre,  l'air d'un capitaine ayant pris la décision de lancer un assaut après avoir passé en revue toutes les alternatives possibles et après avoir calculé, mûrement, le nombre exact des...dommages collatéraux.
   Dans sa chambre, une lumière tamisée accentuait l'aspect tragique de la situation. Il prit, avec mille précautions un livre qu'il cachait soigneusement sous son oreiller. Ce livre était son Viagra à lui. Il était le sixième livre qu'il allait consulter pour...en recopier des passages entiers. Il s'est installé à son bureau, devant sa page Vierge et commença, scrupuleusement et consciencieusement  son plagiat !

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3 novembre 2009 2 03 /11 /novembre /2009 20:30

  "Mes élèves ne lisent pas", les tiens "lisent peu", les siens "ne lisent pas du tout"...autant de commentaires que l'on entend par- ci, par-là, dans les cours des lycées et dans les cafés...
  Inutile de vous rappeler que les auteurs de ces commentaires sont des enseignants qui se plaignent de leurs élèves, du manque d'intêret de ces derniers vis-à-vis de la lecture, de leur manque d'appétit"lectoral", de leur addiction quant aux jeux vidéos, Internet, DVD et j'en passe.
  Touefois, une question s'impose: les enseignants, eux, lisent-ils? Négatif. Evidemment, on ne va pas mettre tout le mond dans le même panier mais disons que la grande majorité des ensignants--moi y compris-- ne lit pas, lit peu ou ne lit pas du tout!
  C'est un constat amer.Mais pourquoi donc les "profs" ne lisent plus? Par manque de motivation, par manque d'intérêt ou par...incapacité? Difficile d'y répondre. Il faudrait être un spécialiste et il faudrait mener une enquête sociologique en bonne et dûe forme. Hélas, je ne remplis ni la première ni la deuxième condition. Je vais quand- même marcher sur les plates bandes des spécialistes et tenter, autant que faire se peut, d' apporter des éléments de réponse et tant pis si je me trompe...
  En tant qu'enseignant--qui lit peu ou pas--j'ai "côtoyé" pas mal de"profils" de profs.Très rares ceux qui lisent, qui écrivent ou qui s'intéressent à la rigueur à leurs discipline, toutes disciplines confondues. La plupart des profs répondent à des profils précis:
1- Celui du désintéressé: il a un boulot. Alors à quoi bon"se crever les yeux" puisque la promotion ne se fait pas en fonction des heures de lecture ni du nombre d'ouvrages lus.
2- Celui du dégoûté, du frustré(non par la lecture mais à cause de sa situation financière et sociale). Finalement, il pense ceci: c'est la lecture qui m'a mené là où je suis, prof mal payé et mal logé que je suis. Et puis, ceux qui sont aux commandes, mes supérieurs et leurs supérieurs n'ont jamais lu quoi que ce soit, à part leurs cours scolaires. Pas besoin d'être"poète" pour commander dans ce pays!!
3- Celui de l'"hommes d'affaires":occupé à bâtir des maisons pour les vendre et en construire d'autres, occupé à gérer des projets qui n'ont rien de...pédagogique. Pour ce type de profs, leur boulot est juste une vitrine sociale, leur salaire est...comment dit-on en physique? Ah oui, "une quantité négligeable" par rapport à leurs bénéfices commerciaux.
4- Celui du bon vivant: il s'adonne à toutes les activités: Internet, cinéma, bars, soirées, femmes...Il ne se comporte pas dans ces "domaines" comme un artiste mais juste comme un consommateur.
5- Celui qui est terre-à-terre, englouti dans l'océan des soucis quotidiens et des tâches ménagères et du...socialement correct.
6- Celui qui est...ailleurs. Dans un monde qui n'est pas le nôtre. Il a son monde à lui. La lecture n'y figure pas.
  Je fais peut-être partie d'un "profil" ou d'un autre. Toutefois, je trouve que c'est une honte quand un enseignant d'une langue donnée ne dispose pas de...dictionnaire chez lui, quand un enseignant ne prend pas la peine de "déguster" un effet de style dans une oeuvre qu'il est censée enseigner à ses élèves, quand un enseignant vous répond, quand vous lui posez une question"culturelle" après 18 heures,:"Ne me parlez pas boutique", quand un enseignant, enfin, reproche à ses élèves leur manque de culture "livresque" alors que le seul livre dont il dispose,à sa "bibilothèque" est son livret d'état civil.
   L'élève n'est qu'un "produit" de la société juste comme l'enseignant l'est.Mais pourquoi donc se plaint-on de la non rentabilité d'une succursale quand la Maison- Mère est en faillite?

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2 novembre 2009 1 02 /11 /novembre /2009 21:14

Le cimetière reçoit le dimanche
des troupes de visiteurs parfumés et bien habillés
et des gamins et des gamines qui ne comprennent pas encore
le pourquoi de ce lieu et de ces larmes endeuillées.

Alors, ils troublent, inocemment, la paix de cette cité,
en jouant à cache-cache entre les tombes des regrettés.
Et vous aurez remarqué entre chaque personne en deuil et chaque tombe honorée
un silence éloquent ou des mots balbutiés.
Une complicité diffuse s'engage alors
entre le royaume des morts et le monde d'aujourd'hui.

Le cimetière est enfin en paix, le soir.
Des tombes se sentent à l'aise, rafraichies par des larmes sincères.
D'autres soupirent lentement
et leurs soupirs font frissonner les feuilles des arbres affligés.

Et sur les pages des registres célestes
scintillent les noms en or de quelques gens ordinaires
qui ont rendu visite, ce dimanche, au cimetière de Brest,
par les routes, par la mer ou par les chemins de fer
pour déposr une fleur ou pour dire un prière.

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2 novembre 2009 1 02 /11 /novembre /2009 19:06

Mourir pour des idées
L'idée est excellente.
Moi, j'ai failli mourir
de ne pas l'avoir eue.

  Il rentrait chez lui en fredonnant ces couplets de Brassens. Il était ivre et il en était conscient. Il venait d'être viré pour la simple raison qu'il avait dit "non" au patron. Un "non" catégorique. Il n'irait pas là où le patron lui demandait. Et personne ne pouvait l'y forcer, du moins tant qu'il était vivant. Ainsi, ce matin, il avait opposé un refus formel à la demande du patron devant l'ébahissement général. Ses collègues sont restés stupéfaits, leurs stylos en l'air. Toutes les activités avaient cessé pour un moment dans la boîte. Les  sons des claviers ne se faisaient plus entendre. Les regards des employés étaient figés. Personne ne bougeait. Un véritable arrêt sur image. La notion de temps et de lieu avaient disparu. Tout le monde demeurait pour un moment pétrifié. On aurait dit qu'une sorcière était passée par là. On aurait dit que la scène se passait dans un roman de Harry Poter ou de Seigneur des anneaux: Lui, la nouvelle recrue, le blanc-bec, l'apprenti, osait dire non au patron? Une scène biblique: L'ange déchu--juste avant sa déchéance et surtout à cause de son opposition à Dieu--disait avec emphase un "non" neutre mais théâtral à Dieu. Qui pouvait imaginer ça?!! 
    Son patron, lui, chevronné qu'il était, lui a demandé, calmement de le suivre dans son bureau. Mais notre homme lui a asséné un autre "non", du même type que le premier. Un "non" qui a mis le patron K.O. Et avant de quitter "le ring", notre homme a crié haut et fort, à la cantonnade:" J'ai des idées, moi. J'y crois jusque bout". Une sorte de dernière réplique avant que le rideau ne tombât sur son personnage. Il a quitté le bureau, par la porte"des artistes" car il craignait que le public ne le prît de court devant la porte principale et ne tentât de le dissuader, de le faire revenir sur sa décision, de le supplier, de l'implorer, de lui baiser les pans de son manteau...
    Le reste de la journée, il a picolé. Il n'a quitté le bar qu'à un heure tardive. Et le voilà qui rentrait chez lui, ivre, titubant, chancellant, tel un bateau ivre...
     Il grommelait. Le vent emportait ses mots, enfin la plupart de ses mots. Il a dû faire des efforts surhumains pour empêcher le vent d'emporter son chapeau. Parbleu. On lui a pris son métier et maintenant on voulait lui voler son chapeau auquel il tenait tant: un cadeau d'une ancienne maîtresse qui l'a mis ...à la porte. Décidément, tout le monde lui en voulait. Encore, une autre sortie, sentimentale cette fois-ci, par la petite porte. C'était une conspiration, cela! Il a montré les poings au vent, en signe de menace, avant de se rendre compte qu'il était dans un état d'ébriété avancée. Il a souri puis il a ri. Puis il a éclaté d'un rire sonore. Ce rire mécanique et sonnant faux que l'on entend souvent chez les je-m'en-foutistes...
     Il s'est rappelé soudain de la mission que son patron voulait lui confier: partir à ce foutu pays en guerre pour couvrir les hosilités. Mais il pouvait y rester, lui! Ca par exmple! C'était du propre! Son patron voulait décidément sa mort...
      Arrivé au seuil de son appartement, il a dû batailler pour sortir ses clés de sa poche. Il se réjouissait déjà de la grasse matinée qui l'attendait...Una matinée qui tombait à pic et qui lui permettrait de cuver son vin à loisir. Et d'un mouvement involontaire, il fit tomber sa carte professionnelle. On pouvait y lire entre autre: reporter de guerre!

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1 novembre 2009 7 01 /11 /novembre /2009 22:22

   L'auteur de ces lignes ne prétend en aucun cas être un spécialiste de l'Education ni de quoi que ce soit. Il s'agit d'un simple enseignant en exercice de fonction depuis 1996. Il est enseignant vacataire à l'Institut Français de Tetouan depuis 2004. Mais surtout, il est adhérent à la médiathèque de l'Insitut Français de Tetouan depuis...1987.

   Je me rappelle de l'Institut Français alors qu'il s'appelait le Centre Culturel Français. Je venais à sa médiahèque pour préparer mes cours de maths et de physique, alors que j'étais élève au lycée, en sciences mathématiques. C'est,en fait, l"'espace"--au sens culturel et social du terme-- qui m'attirait: la cour, la verdure, l'accueil, la richesse de la bibliothèque...
   Je n'ai jamais "coupé" le conact avec ce Centre. Il était pour moi, un temple qui méritait un pélerinage même au milieu des années 90 alors que j'entamais ma carrière d' enseignant à...840 km de Tetouan...Pour vous dire que l'Institut Français est avant tout une partie de moi- même, une partie de ma mémoire, de ma psyché, de mon passé et de mon présent...Tellement des souvenirs heureux et malheureux en rapport avec des évènements ayant eu lieu dans l'enceinte de cet Institut refont à chaque fois surface dans ma conscience: souvenirs de  bonnes ou de mauvaises notes, amitiées liées ou dénouées, amours qui ont abouti ou pas...Bref, il était un mircocosme dans lequel j'évoluais, élève, adolescent et par la suite étudiant que j'étais.
   Maintenant, j'y suis enseignant vacataire. Et le plaisir de visiter ce"sanctuaire" ne fait que grandir. Un plaisir que ni le temps, ni l'espace n'ont réussi à entamer ni à affaiblir. Du coup, je me pose toujours la question: pourquoi des parents ayant suivi des cours de français à l'Institut, font en sorte que leurs enfants marchent dans leurs pas? Cet Institut fait-il partie de l'Identité socioculturelle de Tetouan? Fait-il partie de la Mémoire Collective des habitants de cette ville?
   Je ne saurais répondre mais je possède, en toute modestie, des éléments de réponse:
   Cela va sans dire que cet Institut a des décennies derrière lui.Ce qu'aucune école privée de langue n'a, à Tetouan. Mais surtout:
1-- L'espace de l'Institut, sa cour s'entend, est unique dans ce sens. En toute simplicité, cet espace n'a pas d'égal ni au Centre Américain ni à Cervantes, le Centre Espagnol, ni à aucune école de cours de français dans cette ville. Les parents y envoient leurs enfants pour qu'ils joignent l'utile à l'agréable: l'apprentissage et le jeu. Cet un espace dans lequel on"respire" au milieu de la verdure, tout en aspirant ...de la culture! Il y a même des étrangers qui le prennent de temps en temps pour un jardin. Or cet espace n'est que "le prolongement" pédagogique de la classe. Ainsi, la boucle est bouclée, la classe aboutit à la cour et vice-versa en passant par:
2-- La médiathèque: un trésor inestimable. Une caverne d'Ali baba. Une île au Trésor. Personnellement, en tant qu'élève en sciences mahtématiques ou éudiant en littérature française, je me "cloîtrais" dans cette médiahèque  qui m'a été --et m'est toujours-- d'une grande uilité...De même pour des milliers d'étudiants de Tetouan et régions qui sont devenus des cadres, actuellement. Cette médiahèque est aussi le lieu de rencontres, de conférences, d'expositions...Et si l'on s'ennuit ou l'on se fatigue, on descendt à:
3-- la salle de spectacles qui programme des films, des pièces de théâtre, des concerts tout au long de l'année. Un espace de détente...Une détente édifiante. Et si l'on a l'âme artiste, eh bien:
4-- l'atelier de peinure et de gravure est là...aussi longtemps que je me souvienne.
    Ce qui fait que l'Institut Français est un Institut composé de plusieurs facettes complémentaires et appartenant au même cube, au même puzzle, qu'il suffit juste de savoir manier.
     Toutefois, je me pose souvent la question: pourquoi, au milieu de cette mer déchaînée de la concurrence, alors que la technologie envahit l'enseignement et alors que les méhodes didactiques sont vite détrônées par des autres, l'Institut Français se fraye son chemin en fendant les flots par sa proue, ignorant les navires les plus modernes qui tentent de le dépasser,-- ou de le torpiller-- et ne comptant que sur des moyens technologiques limités, il faut le dire, pour demeurer sur le terrain de la concurrence sans être englouti par les flots?
    Je pense que cet Institut dispose, impeccablement, de ses deux atouts: sa charpente et sa boussole.
     En effet, une équipe d'enseignants désirant de faire brandir très haut la bannière de l'Institut ainsi qu'un saff de personnel administratif compétent conjuguent leurs efforts dans une seule perspective: naviguer le plus loin possible en mettant le cap sur une seule destinaion: la promotion de la langue et de la culture françaises. Et en réponse aux armes super-sophistiquées des écoles privées de langue française, l'Equipe de l'Institut, enseignants vacataires et personnel administratif, tiennent bon: ils opposent leur bravoure aux canons des corsaires.
   Un dernier point à souligner: le fait que l'Institut Français ne soit pas un établissement privé est un élément à son avanage: le privé veut dire "commerce" et le commerce implique une seule priorité: l'argent. Et payer plus d'argent ne garantit pas forcément la qualité des services. Dans ce sens, le fait que l'Institut Français soit "rattaché" à l'Etat français est perçu par les parents d'élèves comme un gage de sérieux et de..."neutralité commerciale". Mais surtout, pour damer le pion à ses concurrents, l'Institut Français tient à véhiculer une culture française, issue des principes de la Révoluiuon Française, à travers ses programmes et ses méthodes. Ainsi, son label, le drapeau français dans lequel loge confortablement la Marianne demeure un label qui défie toute concurrence sur le terrain symbolique: c'est toute l'Histoire de la France qui s'y trouve résumée. Or, les écoles privées de langue française n'ont pas d'Histoire. Et celui qui n'a pas d'histoire demeure...un bâtard (mataphoriquement s'entend) car,peut-on comparer un hôtel de luxe à un château médiéval? Pas la peine d'être  un historien pour comparer le pot de fer au pot de terre!

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31 octobre 2009 6 31 /10 /octobre /2009 13:53

     Il était cinq heures du matin. Les rues  étaient désertes et le trafic quasiment absent, ce jour de Décembre 1995. Lui, il roulait, seul, pour la première fois à bord de sa Renault Super 5. C'était la première fois qu'il sortait seul pour "se familiariser avec la conduite". Sa femme l'accompagnait à chaque fois mais ce matin-là, elle était un peu souffrante. C'est pourquoi, il fut dans l'obligation de faire sa tournée tout seul...
     Il avait obtenu son permis de conduire des années auparavant mais, n'ayant jamais conduit de voiture, il avait presque tout oublié de l'ab ba de la conduite. Et brusquement, l'envie d'acheter une voiture le prit. Il jeta son dévoulu sur une Renault Super 5 Essence, la même marque de voiture qui fut son auto-école. A vrai dire, ce choix n'était pas tout-à-fait arbitraire: il était tombé en adoration devant cette marque de voiture. Et il a décidé d'en acheter une. D'ailleurs, cela tombait bien. Il avait fait ses armes et ses preuves à bord de la même marque. Et son permis de conduire fut décroché à bord de la même voiture...donc autant acheter une voiture pareille. C'était sa logique à lui. Une logique non dénuée de bon sens du reste: un homme dépucelé par une brune, de taille précise et d'âge déterminé préfère avoir pouir maîtresse ou pour femme une dame pareille.C'est en tout cas ce qu'il répétait à tout venant. Il affirmait que c'éait une question de stratégie: quand on a conduit une voiture pendant des heures, il valait mieux acheter une voiture parielle car on connnaissait ses "entrailles".....C'était un peu vrai pour les voitures, pour ce qui est des femmes...!
   Il  demandait getiment à sa femme de l'accompagner chaque fois qu'il sortait en voiture pour se familiariser avec la conduite et avec sa Super cinq. Lui, il conduisait en s'accrochant au volant d'une main de fer comme ferait un capitaine de bateau, contrôlant le destin d'un millier de passagers,  en s'accrochant à son gouvernail. Sa femme, elle, eh bien elle lui lisait les plaques de signalisation, et faisait attention aux carrefours et aux rond- points pour ce qui est de la priorité...Bref, ils formaient à eux deux une équipe de choc, un tandem, une patrouille...
   Mais, ce matin là, il était seul. Il avait déjà effectué sa tournée et il rentrait chez lui en sentant que quelque chose lui manquait: il jetait de temps en temps un oeil du côté passager, à sa droite: sa femme n'était pas là. La vache! Il devait à lui seul contrôler les plaques de signalisation, la priorité, les interdictions, les obligations....et conduire en même temps! Il grommela un juron! C'éait trop pour une seule personne...
   A une intersection de rues, à des dizaines de mètres, il aperçut les feux. Le feu était  vert. Alors, lui, qui roulait toujours en deuxième, eut la brillante idée de mettre la quatrième afin de pouvoir passer pendant que le feu était toujours au vert. Il accéléra, passa la troisième puis accéléra ancore et passa la quatrième. Sa voiure, telle une jument qui sommeillait et  qui était habituée du reste au trot, eut un mouvement de surprise, de refus...car lle fut prise à court. Elle exprima son refus par un bruit assourdissant du moteur mais daigna quand- même galoper...Il s'approchait des feux quand le vert clignotait puis ce vert a tourné au jaune. Lui, il fut pris de court à son tour: une dizaine de mètres le séparait des feux , le feu était au jaune et lui roulait à 100 km à l'heure. Ce n'était pas le moment de flancher bon sang! Il devait passer avant que le feu ne tournât au rouge. Il accéléra. Heureusement que la rue était déserte...pas de voitures et surtout pas de piétons....
  Arrivé à la hauteur des feux, il jeta un coup d'oeil rapide au poteau: le feu était bien au rouge. Mais il passa quand même!
   Plusieurs minutes s'écoulèrent avant qu'il ne réalisât ce qu'il avait fait. Ce qu'il  avait commis. L'ampleur du désasre: il avait violé le feu rouge. C'était une abomination. Il s'en  est prit d'abord à sa jument mais se rendit à l'évidence: il avait mal négocié "le passage" aux feux, débutant qu'il était. Il pensait pouvoir passer au vert , au jaune à la rigueur, mais hélas...il a commis l'irréparable. Il a voilé pour la première fois de sa vie un feu rouge...Feu ou pas feu, le viol demeure un viol.
    En se rendant chez lui, il ne cessait de jeter des coups d'oeil angoissés à ses trois rétroviseurs de peur d'y apercevoir un gyrophare ou un képi ....Il changea de trajet à plusieurs reprises, prit beaucoup de précautions pour ne pas être repéré ni arrêté.  Il ne rentra chez lui que des heures plus tard, harassé comme on l'est après une longue journée de chasse aux lions.
     Une fois chez lui, il lava sa voiture dans son garage, lui passa une bâche et la laissa ainsi des semaines, en espérant que personne ne découvrirait les traces du viol.  Mais personne ne se manifesta! Cela ne l'a pas empêché de faire des cauchemars: il rêvait de feux de signalisation qui s'allumaient tous en même temps pour clignoter tous au même instant pour clignoter à tour de rôle...Bref, un rêve de fous. Il entama des séance de thérapie de groupe. Il décida de se mettre avec un groupe de violeurs...de vrais violeurs. Ainsi, quand il commença à raconter son histoire pour s'en libérer et...instruire le groupe, les violeurs eurent une réaction étrange: ils avaient tous envie de le violer....Il changea de groupe et se mit avec les chauffards. Ce n'était pas, non plus, son groupe. On lui conseilla un groupe nommé Les Chercheurs de midi à quatorze heures. Il y trouva sa place. Normal. Il y était le seul inscrit!
      

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27 octobre 2009 2 27 /10 /octobre /2009 01:22

Cette ville m'enivre par les parfums qu'exhalent ses encensoirs.
Cette ville me saoûle par ses statues: gardiennes de son histoire.
Cette ville me grise par les poitrines de ses femmes, en exergue, sur les trottoirs.
Cette ville m'ensorcelle en réfléchissant mes souvenirs sur ses miroirs.

Cette ville extrait mes rêves des tréfonds de mon dortoir.
Cette ville extirpe mes albums du fond de mon armoire
pour bénir le tout en échange de mon bonheur: c'est son seul pourboire.

Cette ville est ma maîtresse, ma croix et mon manoir.
Cette ville est la lueur que mes yeux distinguent au fond du couloir.
Cette ville est ma mère qui m'embrasse derrière la grille du parloir.
Cette ville est le sorcier qui sort des lapins de son beau chapeau noir.

Cette ville me rend fou en me conférant un drôle de pouvoir.
Elle panse mes chagrins et métamorphose mes déboires
en des exploits de dieux, en des miracles, en des victoires.

Alors, ma mère, enterre-moi là si je m'éteins un soir
puis récite une prière pour mon âme et érige une statue à ma mémoire,
que tu placeras dans un jardin, à côté d'une fontaine ou d'une balançoire.
Que cette statue soit un giron pour les enfants et pour les oiseaux un perchoir.
Et le soleil viendra la caresser, de temps en temps, quand il cessera de pleuvoir,
et lui murmurera des mots doux: des mots d'amour, d'estime et de gloire! 

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26 octobre 2009 1 26 /10 /octobre /2009 23:38

Quand une gitane casse sa guitare,
quand un prêtre perd la foi,
quand un cannibale dévore son roi,
quand un saint tatoué aux bras se bagarre dans un bar,
quand un piéton éclate en jurons devant un appel de phares...

quand le Diable se répand en pleurs sur la croix,
quand Saint Gabriel crache par terre et jure en patois,
quand c'est le feu rouge et que vous n'avez pas le droit
de traverser sous peine dêtre écrasé par un chauffard...

quand un prolétaire est plus heureux qu'un richard,
quand une pute devient une sainte par décrêt papal,
quand une sainte est vouée à une prostitution cléricale...

quand un professeur enseigne des lois
auxquelles il demeure, pourtant, profane,
quand un avocat défend un procureur général
accusé d'avoir oublié le code pénal,
quand un accusé athée jure par un dieu carthaginois
sur lequel il crachait, pourtant, avant d'entrer au tribunal...

quand un monarque est déclaré coupable
par un tribunal plus royaliste que le roi,
quand un dictateur putchiste
s'indigne lorsqu'un frère d'armes le renverse plusieurs fois...

quand un terroriste devient, soudain, pédéraste,
quand une prostituée devient, soudain, lesbienne,
quand un rasciste appelle un jour à l'harmonie raciale,
quand un dieu très vénéré est en manque de publicité,
quand un juge ne peut plus présider des procès
à cause de sa moustache manquant de crédibilité...

quand un peintre surréaliste peint ses déboires trop réelles,
quand un général surprend sa femme entre les bras d'un caporal,
quand un missionnaire met en doute la parole divine,
quand une soeur troque son habit contre un string et ses prières contre des râles,
quand la Vierge se métamorphose en Messaline...

quand un berger répudie, soudain, son chien et se lie d'amitié avec un renard malicieux,
quand une piste criminelle est brouillée par les fédéraux,
quand des trafiquants de drogue blanchissent leur argent pour le rendre plus sale,
quand un moine se brouille avec Dieu et se réconcilie avec le Diable...

quand un enfant prend les armes
pour défendre sa terre natale
tandis q'un vieillard joue avec une barque  en papier
dans un beau ruisseau de la capitale...
Je médite sur ce monde dont la déraison est sa seule loi coupable
et dont la versatilité est sa seule constante palpable.

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25 octobre 2009 7 25 /10 /octobre /2009 01:31
   Il avait réussi tous les mariages sauf le sien. Il avait réconcilié tous les ennemis jurés de sa commune excepté ses enfants. Il avait fait réaliser de grands travaux d' aménagement dans sa commune à l'exception de sa maison. Il s'occupait de tout le monde sauf de sa famille. Il s'attendait, en agissant ainsi-- pour le bien de la Rébublique--  à recevoir une médaille, à être décoré, déclaré héros national, ou peut- être canonisé par le Président de l'Etat.
  En bref, il faisait tout le bien à son prochain. Sa famille et lui- même ne figuraient jamais sur son agenda. C'est pourquoi, il a fini par atterrir dans une maison de retraite, comme une voiture dans une fourrière. Sa femme, elle, a attérit  dans la rue et ses enfants dans les prisons de la sainte République.
   Il ressentait une déception incommensurable et une amertume qui n'avait pas d'égale. Lui, le serviteur de la République finissait de la sorte comme un immondice...dans une décharge publique. Trente années de bons et loyaux services ne lui ont pas assurée ne fût-ce qu'une retraite digne de maire. Il avait tout donné à la République. Cette espèce d'arraignée qui dévore son mâle après l'accouplement! 
  Trente années de bons et loyaux services. Ce n'est pas rien, cela! Il avait tout donné à la République: sa famille, lui-même, son temps, son bonheur...et ne réclamait rien en retour. Il ne réclamait que le bonheur de son prochain, je veux dire du citoyen, tellement il était très croyant...croyant en la République dur comme fer. Une religion de laïc!
   Ses amis les plus intimes ne cessaient de lui murmurer, entre deux verres, sur le ton de la confidence, lors de quelques rencontres, très rares du reste, que la République est pareil à une mer calme et chatoyante qui vous attire..., qui devient agitée petit-à-petit dès qu'elle se rend compte que vous vous êtes éloigné de la côte en vous baignant, pour vous étouffer dans ses bras et vous rejeter mort et dévoré par les bêtes aquatiques des jours plus tard....Mais lui, il hôchait la tête. Il n'était pas d'accord avec eux. La République était...sa race, son identité, sa religion, son âme...sa peau!
   Oui, tout le monde le savait: la République était une espèce de...maîtresse de notre maire à laquelle il vouait un amour platonique et inconditionnel....Seuelement voilà: cet amour ne fut jamais partagé. Et à cause d'une bavure que notre homme a commis-- même si son intention a été bonne lors du geste qui a provoqué cette bavure-- la Rébublique l'a...comment dire? ...elle l'a répudié, tout simplement, une répudiation à l'arabe!
   Depuis, il vivait dans une maison de retraite, ayant l'alcool pour seule consolation et la visite de quelques amis intimes pour seul...dérangement, car ils lui rappelaient les bons souvenirs de ses amours entre  les bras de la République et partant, ils remuaient le couteau dans la mémoire du maire...
   Il s'est éteint le soir d' un quatorze Juillet alors  que les feux d'artifices s'allumaient, pétardaient et dansaient dans les cieux de la République.
   Des années plus tard, il fut décoré. Mais on ne trouva personne de sa famille pour lui donner la médaille, tellement sa famille était réduite à une sorte de... diaspora. La République a décidé de reprendre la médaille...certainement pour qu'elle serve à une autre récompense...posthume.
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